Dimanche prochain 21 septembre, le Pape François se rendra à Tirana, capitale de l’Albanie. Ce sera son premier voyage en Europe en dehors de l’Italie. Un geste fort pour encourager l’un des pays le plus pauvre d’Europe à se relever des douloureuses années de dictature stalinienne. 

Répondant à l’invitation des évêques et des autorités civiles albanaises, le Pape François désire par ce voyage en Albanie « témoigner son encouragement et son amour à un pays qui a souffert longuement des conséquences des idéologies du passé ». Meurtrie par quatre siècles de domination ottomane, ce petit pays des Balkans évangélisé par St Paul (Rom 15 ; 19) a subi au XXème siècle l’invasion des fascistes, puis des nazis, pour enfin être dirigé par une dictature communiste stalinienne des plus répressives. Pendant près de 50 ans (de 1946  à 1990), toute pratique religieuse a été violemment réprimée, plus de 8000 albanais ont été condamnés à mort dont de nombreux religieux (cf. encadré) et des milliers d’édifices religieux – églises comme mosquées – ont été fermées. En 1967, le dictateur Enver Hoxha ira jusqu’à proclamer l’Albanie « premier Etat athée du monde ». Il a fallu attendre 1990 et la chute du communiste pour sortir de cet enfer. Trois ans plus tard, Jean-Paul II se rendait sur place et déclarait avec émotion: « Chers amis Albanais, votre drame concerne et doit concerner tout le continent européen et il est nécessaire que l’Europe n’oublie pas. »

Bientôt membre de l’Europe?

Aujourd’hui l’Albanie tente difficilement de tourner les pages de cette sombre période. Sur le plan économique, Tirana ne restreint pas ses efforts. Les 28 états membres de l’UE viennent de lui accorder fin juin le statut officiel de candidat à l’adhésion de l’Europe. Une première étape d’un long et incertain processus avant de devenir membre à part entière. Il reste maintenant « encore beaucoup de travail à faire » pour ce pays qui est l’un des plus pauvre du continent, reconnait le Premier ministre Edi Rama. La prochaine étape sera l’ouverture des négociations d’adhésion qui ne débuteront pas avant la fin 2015. Avant cela, la Commission aura évolué les réformes à effectuer, notamment pour la « lutte contre la corruption, le crime organisé, le blanchiment et la production de drogue. » Le FMI a quant à lui accordé un prêt de 331 M€ en février 2014 pour tenter de réduire la dette publique située en dessous de 60% du PIB.

Modèle de cohabitation interreligieuse

Sur le plan religieux, bien que définie comme Etat laïc dans la Constitution, Tirana tient à souligner le rôle historique des religions, en particulier des « religions traditionnelles » : l’islam sunnite (80%) le bektashisme (une tendance chi’ite soufi), le catholicisme (10.2%) et l’orthodoxie (7.5%). La liberté religieuse a désormais toute sa place. Pourtant le défi de l’Église catholique reste de taille. Minoritaire, elle a pour mission de rechristianiser une population qui a été endoctrinée par l’idéologie athée du communisme, et qui, pour une partie, n’a jamais vu de prêtres. C’est d’ailleurs certainement pour cela que le Pape François a précisé qu’il venait pour « confirmer dans la foi l’Église en Albanie. » Mais déjà, signes des prémices d’une nouvelle floraison, les fidèles à la messe sont principalement des jeunes.

Mère Térésa, la sainte albanaise

Représentée sur un vitrail de la cathédrale St Paul à Tirana,  Mère Teresa, de son nom patronymique Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, est considérée comme la dernière « sainte » albanaise en date. Sa présence dans la cathédrale catholique de Tirana est révélatrice de l’attachement de l’Albanie à « sa sainte ». Née le 26 août 1910 à Skope (aujourd’hui ville de la République de Macédoine) elle a été béatifiée le 19 octobre 2003 par le Pape Jean-Paul II, six ans après sa mort à Calcutta. Le 19 octobre est depuis devenu férié en Albanie, et on ne compte plus le nombre de places ou d’écoles portant le nom de Mère Teresa, jusqu’à l’aéroport international de Tirana : Nënë Tereza.

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