Les flambées de violence à l’encontre des chrétiens du Niger depuis l’attentat de Charlie Hebdo en janvier dernier restent incompréhensibles pour Mgr Ambroise Ouédraogo, évêque du diocèse de Maradi. Néanmoins, il confie à l’AED vouloir continuer à miser sur la coopération avec les musulmans.

Mgr Ambroise Ouédraogo, évêque de Maradi (à gauche)

Une semaine après l’attentat terroriste du 7 janvier 2015 contre le magazine Charlie Hebdo, des actes de violence avaient été perpétrés à l’encontre de chrétiens et d’églises à Niamey, la capitale du Niger, et à Zinder qui est la deuxième plus grande ville du pays (diocèse de Maradi). À l’exception de la cathédrale de Niamey et d’une église située à la périphérie de la capitale, toutes les églises du Niger avaient été pillées, mises à sac et incendiées. L’une des églises détruites avait été consacrée quelques mois plus tôt, en novembre 2014. Six mois après ces exactions contre des chrétiens, les catholiques craignent de nouvelles violences, confie Mgr Ambroise Ouédraogo, évêque du diocèse nigérien de Maradi, à l’occasion d’un entretien au siège de l’AED à Königstein (Allemagne).

Ces événements ont provoqué une onde de choc. Car jusqu’alors, les chrétiens et les musulmans avaient toujours vécu en paix dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Mgr Ouédraogo ne comprend toujours pas. « Pourquoi nous ont-ils attaqués alors que nous nous entendions si bien ? » À ses yeux, il n’y a qu’une explication : « Ils ont confondu Charlie Hebdo avec la Chrétienté ». Mgr Ouédraogo estime que les chrétiens nigériens sont des « victimes collatérales ». C’est pourquoi il adresse ce message aux Européens : « La liberté de la presse en Europe est une bonne chose. Mais il faut faire usage de cette liberté avec précaution et être conscient des conséquences dans d’autres pays. L’Europe n’est pas l’Afrique et l’Afrique n’est pas l’Europe, souligne Mgr Ouédraogo. Les sensibilités ne sont pas les mêmes en Afrique et en Europe. »

Messe célébrée en pleine air suite à la destruction des églises

Selon Mgr Ouédraogo, environ 200 chrétiens de Zinder ont fui dans des pays voisins tels que le Burkina Faso, le Togo, le Bénin et même le Nigeria, par peur de nouvelles attaques. La plupart d’entre eux sont revenus depuis. Vu que leurs églises ont été brulées ou détruites, les catholiques célèbrent la messe en plein air ou dans des salles qu’ils aménagent et décorent eux-mêmes. « Les terribles événements ont fait grandir leur foi, reconnait Mgr Ouédraogo. Ce sont devenues des paroisses vivantes et je crois que c’est une grâce. »

Nombre de musulmans ignorent comment se comporter envers les chrétiens depuis les attentats. « Cela les dépasse, explique Mgr Ouédraogo. Ils regrettent ce qu’il s’est passé, mais ils ne peuvent pas le dire officiellement. »

Certains musulmans ont été étonnés que les évêques catholiques pardonnent à ceux-là mêmes qui les avaient fait souffrir. « Ils ont incendié nos églises, mais notre cœur brûle encore d’amour pour eux. Que l’on soit chrétien ou musulman – Dieu veut le bonheur de tous les hommes. »

Pour l’évêque, l’identité des personnes qui ont détruit les églises demeure encore floue. « Mais ce n’est pas le moment d’accuser quelqu’un. »

21.000 catholiques répartis dans deux diocèses

Il existe de nombreux défis à relever au Niger qui figure parmi les pays les plus pauvres du monde. La subsistance d’une grande partie de la population nigérienne est régulièrement menacée par des périodes de sécheresse et de famine. Le Niger est un État islamique. 98 % de ses 17 millions d’habitants se réclament de l’Islam. Il comprend une petite communauté catholique d’environ 21 000 croyants répartis dans deux diocèses. Les catholiques nigériens continuent à collaborer avec les musulmans, notamment dans le domaine de la formation et de la bienfaisance, au sein d’une commission interconfessionnelle.

Aide de l’AED

En 2014, l’AED a soutenu le travail pastoral du pays à hauteur de 83 700 euros. Cet apport a contribué à l’aménagement d’un couvent de religieuses et à la construction de l’une des églises quia hélas été mise à sac en janvier. Par ailleurs, il a permis d’attribuer des bourses à des religieuses et de subventionner des camps de jeunes pour l’été. Aussitôt après les attentats de janvier, l’AED a versé 29 800 euros à titre d’aide d’urgence aux victimes. « Notre cri à l’aide a été entendu dans le monde occidental, s’est exclamé Mgr Ouédraogo. Nous prions pour tous ceux qui nous aident. »

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