Ce 9 juillet marque le quatrième anniversaire de l’indépendance du plus jeune pays du monde écrasé par des luttes internes et tribales suite au déclenchement, en décembre 2013, d’une « crise politique ». Une équipe de l’AED présente sur place témoigne de la terrible situation des réfugiés et déplacés touchés par le conflit.

Le grave conflit armé entre les forces fidèles au gouvernement du président Salva Kiir et les rebelles alliés à l’ancien vice-président Riek Machar, a forcé plus de deux millions de personnes à abandonner leurs maisons, selon le haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Selon les données publiées le 3 juillet on compte 850 000 réfugiés du Soudan du Sud en Éthiopie, en Ouganda, au Soudan et au Kenya, alors qu’un million et demi de personnes sont des déplacés internes au Soudan du Sud.

« on est comme en prison dans notre propre pays« 

« La souffrance des gens est inconcevable. Ils sont abandonnés à leur sort », rapportent des sources locales. « Nous avons vécu des situations de guerre dans le passé, mais la brutalité et la violence des combats sont cette fois indescriptibles. En particulier les attaques contre les femmes et les enfants, ainsi que celles perpétuées contre des personnes totalement extérieures au conflit entre les deux côtés. Il y a quelques semaines, les femmes des camps de réfugiés du Nil Supérieur sont sorties du camp pour aller cueillir des herbes et des fruits pour se nourrir, – la famine est immense – mais certaines ont été violées, d’autres battus et certaines ne sont pas revenues au camp. C’est très difficile, on est comme enfermé au camp, c’est comme être en prison dans son propre pays. En même temps, c’est le seul endroit où l’on est en sécurité », a déclaré à l’AED l’un des quelque 20 000 civils enregistrés qui cherchent refuge dans les bases de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), également appelées « Sites de Protection Civils » (PoC) à Malakal.

« Cependant, même à l’intérieur du camp il faut être prudent : il y a eu des coups de feu très ciblés tirés à partir des arbres vers l’intérieur du camp, surtout dans la zone du camp où sont concentrés les réfugiés du peuple des Shilluk », témoignent les réfugiés. Cette information à aussi été vérifiée par MINUSS. Le peuple des Shilluks, la troisième ethnie en nombre du pays vivant sur les berges du Nil près de la ville de Malakal, a été l’un des plus touché collatéralement par le conflit entre les Dinkas et les Nuers.

« Génocide » et de tribalisme déchaîné entre Dinka et Nuer

En créant la République du Soudan du Sud en 2011, un équilibre a tenté d’être trouvé entre les deux groupes ethniques les plus grands et les plus puissants du pays: en nommant Salva Kiir, un Dinka, comme président, et Riek Machar, un Nuer, comme vice-président. Ce qui avait commencé en décembre 2013 comme une crise du pouvoir politique entre les deux, a rapidement dérivé en un conflit plus profond d’antagonisme démesuré entre les deux ethnies. Différentes sources d’information locales, confirmées par des organisations humanitaires, accusent les deux parties en conflit de « génocide » et de tribalisme déchaîné. Il y a eu de nombreux cas d’agressions, de viols, de pillages, de vandalisme et de meurtres envers des civils étrangers aux rebelles et à l’armée pour cause d’appartenance à un groupe ethnique particulier. Il y a aussi un manque sournois mais grave de coopération venant des deux parties pour permettre aux réfugiés et aux personnes déplacées d’avoir accès à l’aide humanitaires dans les camps du HCR.

Cette situation dramatique entraine chaque jour un nombre croissant de Soudanais du Sud à chercher refuge dans le pays voisin au Soudan. Selon des données de HCR, depuis mai 2015, près de 30 000 Soudanais du Sud ont traversé la frontière vers les camps qui se sont ouverts. Au total, on compte plus de 90 000 réfugiés surtout dans les camps de l’État du Nil Blanc, mais aussi dans l’État de Kordofan, du Nil Bleu et à Khartoum. Bien que leur situation soit meilleure, elles sont loin d’être optimales.

Nous soutenir

Votre soutien nous est nécessaire

Apportez votre pierre à l’édifice, donnez et vous recevrez ! « Donnez et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6, 38)

Faire un don Tous les moyens d'aider
Faire un don