Equateur : "nous avons peur que la terre tremble encore"

Le Père Walter Coronel, missionnaire Fidei Donum de l’archidiocèse de Portoviejo témoigne dans un entretien avec l’AED de la violence du tremblement de terre survenu samedi 16 avril en Equateur.

Quittant les activités qu‘il menait en Amazonie équatorienne, le père Coronel était arrivé quelques jours auparavant dans la ville de Portoviejo d’où il est originaire. Il raconte à l’AED : « C’était deux minutes avant le début de la messe de sept heures, ce samedi 16 avril. Une centaine de fidèles étaient venus à l’église de San José de Picoaza quand le sol a commencé à trembler. Le tremblement de terre était très, très puissant. Soudain, à quelques centimètres à peine de moi, un grand pan du toit s’est écroulé. En quelques secondes, la peur, le sang et les cris ont envahi la paroisse.  Je serrais dans mes bras deux personnes inconnues. Je ne pouvais que prier et demander à Dieu que cela finisse le plus rapidement possible. »

Et le Père Walter d’ajouter en larmes : « Nous avons peur que la terre tremble encore ».

Selon des sources non officielles, il y a pas eu de mort dans l’église de San José de Picoaza. Mais beaucoup de gens ont perdu la vie dans les églises de l’archidiocèse et la cathédrale de Portoviejo. De nombreux Équatoriens ont vécu le tremblement de terre dans les églises, car c’était l’heure de la messe. Depuis plusieurs jours déjà, de fortes pluies s’étaient abattues pendant plus de douze heures d’affilée, obligeant des centaines de personnes à quitter leurs maisons.

La ville de Protoviejo est en partie détruite

Il est 11 heures du matin ce mardi 19 avril à San Gregorio de Portoviejo, et le thermomètre affiche 33 degrés. C’est l’hiver dans la capitale de la province de Manabi. Dans les rues, les gens demandent désespérément de l’eau, de la nourriture et des couvertures. Personne ne dort dans sa maison, même ceux dont les habitations sont encore debout. L’épicentre du tremblement de terre de magnitude 7,9 se situait à 150 km de la ville. À cause du séisme, les bâtiments se sont écroulés comme des châteaux de cartes. « Il n’y a plus d’endroit pour célébrer la messe », explique le prêtre équatorien. Les rares églises qui ne sont pas entièrement détruites sont fissurées et leurs murs risquent de s’écrouler. « À chaque découverte d’une nouvelle victime, nous célébrons les obsèques dans la rue, à l’angle des maisons en ruines » ajoute-t-il.

Un bilan très lourd

Pour l’instant, il est encore presque impossible de déterminer le nombre de morts, car dans les collines, des régions rurales entières sont ensevelies sous les rochers et les arbres. Jusqu’à présent, personne n’a encore pu y accéder. « Nous ignorons tout de la population à la campagne. Personne n’a pu s’y rendre. Nous sommes complètement dépassés » déclare le missionnaire. Plus le temps passe, moins il y a de chances de retrouver des survivants sous les décombres. Les gens commencent seulement maintenant à se rendre compte de ce qui est arrivé dans leurs maisons, et la situation se détériore rapidement, confirme le père Coronel. Désespéré, il ajoute : « Nous n’avons pas d’alimentation en eau, et l’électricité est coupée sans cesse. Notre pays n’est pas préparé à cela ».

Mouvements de solidarité
Depuis le tremblement de terre, le peuple équatorien partage le peu qu’il possède avec ses compatriotes. « Les gens allument des feux dans la rue et font la cuisine pour tous, même pour ceux qu’ils ne connaissent pas », relate le Père. Actuellement, le pays se trouve en État d’Urgence nationale. Les bénévoles provenant de toute part sont à l’œuvre pour collecter l’eau, des couvertures et des denrées alimentaires non périssables.

Le Père Walter Coronel lance à la communauté internationale un appel à la prière et à l’aide pour sortir de cette situation désespérée.

L’AED qui soutient déjà plusieurs projets dans ce pays, est en train d’accorder d’autres aides à travers différents programmes d’urgence et de reconstruction.