Nos actions
IRAK A L'AGONIE :
aide d'urgence aux chrétiens
2003 : 1,5 millions de chrétiens en Irak
2013: 150 000 à 300 000 chrétiens en Irak, soit 10 fois moins en 10 ans…
Juin 2014: les chrétiens fuient en masse les villes prises par les djihadistes de l’EIIL
« Nous craignons une guerre civile. Si les différentes parties au conflit ne parviennent pas maintenant à trouver un accord, il faut s’attendre au pire. Une autre guerre signifierait la fin, surtout pour nous, chrétiens. » Mgr Saad Syroub le 18 juin 2014, évêque auxiliaire chaldéen de Bagdad
« Nous sommes très proches de cette Église et partageons ses malheurs et ses préoccupations depuis 1983. Cette souffrance interminable est une plaie béante pour nous. Plus que jamais, les chrétiens d’Irak doivent savoir que les chrétiens des autres pays du monde ne les abandonnent pas, mais prient pour eux et les soutiennent dans la mesure de leur possible. En plus des projets en cours que nous suivons déjà, nous aimerions envoyer cette aide d’urgence pour montrer notre solidarité à nos frères et sœurs. » Regina Lynch, le 20 juin 2014, responsable des projets de l’AED internationale
L’Organisation mondiale pour les migrations (OIM) prévoit une crise humanitaire prolongée en Irak.
- Plus de 500 000 civils ont fui les combats à Mossoul, et 40 000 personnes ont quitté Tikrit et Samarra, selon l’OIM.
- L’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint des flambées de rougeole, soulignant que la maladie est endémique à Mossoul. (sources : AFP, 13 juin 2014)
« Face à l’urgence et la gravité de la situation des chrétiens en Irak, l’AED souhaite intensifier son aide et compte sur votre générosité à l’égard de nos frères éprouvés. Nous leur avons promis 100 000 euros dès que possible. »
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(AED-13 juin 2014) En quelques jours, entre le 5 et le 10 juin, la province de Ninive et son chef-lieu Mossoul, deuxième plus grande ville de l’Irak, sont tombés aux mains des djihadistes de l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL). L’assaut des assaillants a enclenché la fuite de 500.000 irakiens en direction du Kurdistan. Ceux qui n’ont pas pu fuir si loin se dirigent vers la plaine de Ninive à la recherche de lieux pour s’abriter, d’autres sont pris au piège chez eux, en proie à la peur, aux attaques et à l’insécurité. La situation à Qaraqosh, ville chrétienne de 45.000 habitants située à 30 km à l’est de Mossoul, reste très précaire.
La communauté chrétienne a littéralement fondu depuis l’invasion américaine en 2003 qui a entrainé la destitution du président Saddam Hussein et des années de violence. Selon les estimations, 1.5 millions de chrétiens vivaient en Irak avant 2003. Il en reste aujourd’hui dix fois moins (entre 150.000 et 300.000). Quand à Mossoul, des 3.000 chrétiens qui y résidaient ces derniers mois (35.000 avant 2003), il n’en resterait probablement plus aucun ce 11 juin 2014 après l’attaque des djihadistes. « Et qui sait s’ils pourront revenir un jour » déplore Mgr Nona.
L’assaut des djihadistes : « nous n’avons jamais rien vu de tel »
« Nous n’avons jamais rien vu de tel. Une grande ville comme Mossoul en proie au chaos et aux attaques par des groupes ! ». C’est ce que nous confiait Mgr Amel Shimon Nona, archevêque chaldéen de Mossoul, ce mercredi 11 juin.
Fuite des chrétiens vers la plaine de Ninive
« Les affrontements ont débuté jeudi 5 juin, mais étaient dans un premier temps limités à certaines zones de la partie ouest de la ville. L’armée a commencé à bombarder les zones ciblées, mais plus tard dans la nuit, entre lundi et hier, tout à coup les forces armées et la police ont abandonné Mossoul, la laissant à la merci des assaillants. »
Plus de la moitié des habitants et l’ensemble de la communauté chrétienne se sont immédiatement enfuis vers la plaine voisine de Ninive. Jusqu’à 5 heures hier matin, nous avons accueilli les familles en fuite et nous avons essayé de leur trouver un hébergement dans les écoles, dans les salles de classe de catéchisme, dans des maisons abandonnées » explique Mgr Nona. L’archevêque se trouve maintenant à Tall Kayf, un village situé à environ trois kilomètres de Mossoul.
L’attaque serait opérée par l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL), l’organisation terroriste liée à Al-Qaïda connue pour ses violentes attaques anti-chrétiennes commises en Syrie. Mgr Nona estime, cependant, que d’autres groupes peuvent également être impliqués. « Nous ne savons pas encore de quels groupes il s’agit, certains parlent d’EIIL, d’autres pensent qu’il y a diverses appartenances. Nous devons attendre pour mieux comprendre la situation réelle. Ce qui est certain, c’est que les extrémistes sont là, beaucoup les ont vu patrouillant dans les rues. »
Mossoul : 35.000 chrétiens en 2003, plus aucun aujourd’hui
La présence djihadiste reste une source de grande préoccupation pour les chrétiens et en ce moment, se diffuse déjà la nouvelle à propos d’une autre attaque par l’EIIL de quatre églises et d’un monastère. « Nous n’avons pas reçu de menaces – explique Mgr Nona – parce que désormais, tous les fidèles ont fui la ville. Qui sait s’ils pourront jamais revenir un jour ». En 2003, la communauté chrétienne de Mossoul comptait environ 35 000 fidèles. Dans les onze années qui ont suivi le début de la guerre, ce nombre est tragiquement tombé à environ 3 000. « Maintenant, il n’en reste probablement plus aucun » déplore l’archevêque.
« Nous continuons de prier pour que notre pays puisse enfin trouver la paix » affirme Mgr Nona qui dans ces derniers terribles jours a du exhorter une fois encore ses fidèles à ne pas perdre espoir. « C’est difficile après tant d’années de souffrance, mais nous, chrétiens irakiens, nous sommes attachés à notre foi, et nous devons garder espoir, même dans la persécution. C’est un énorme défi, surtout après ce qui s’est passé ces derniers jours ».