Trente ans après la chute de Ceausescu, et 20 ans après la visite de saint Jean-Paul II, le pape François voyagera en Roumanie du 31 mai au 2 juin 2019. 

En mai 1999, le pape Jean-Paul II se rendait en Roumanie, dans un contexte encore marqué par les événements de 1989. Le pays s’était brutalement ouvert à l’Occident. La jeunesse, en particulier, était tentée par l’émigration et le pays se vidait de ses forces vives. Le pape polonais, symbole de la liberté religieuse retrouvée, vieil opposant au communisme, y avait été chaleureusement accueilli.

Pourtant, si la chute du communisme athée a effectivement amené un regain de la foi dans le pays, la situation de l’Église demeure fragile, constate le père Francisc Dobos, catholique roumain de rite latin : « La Roumanie est très influencée par l’Occident. Par ce qu’il a de meilleur et ce qu’il a de pire ! » À titre d’exemple, lors de son ordination comme prêtre en 2002, ils étaient 400 séminaristes dans son séminaire, qui couvre deux diocèses. En 2019, ils ne sont plus que 200. « Ce n’est pas l’importance des vocations qui est en cause, assure le prêtre, mais la chute vertigineuse de la natalité. Et elle s’explique par l’influence de la culture occidentale. » Malgré cela, l’Église roumaine demeure missionnaire. Elle envoie des prêtres notamment au Kenya et en Côte d’Ivoire.

La division des chrétiens

Mais outre l’influence de l’Occident, les Églises de Roumanie doivent aussi compter avec les fantômes du passé. Le régime communiste qui s’est imposé dans le pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale avait décidé de ménager l’Église orthodoxe roumaine. En revanche, il n’admettait pas l’existence de gréco-catholiques, qui étaient soupçonnés d’être des espions du Vatican, en raison de leur rattachement à Rome. La Securitate – police secrète roumaine – ordonna le rattachement forcé de l’Église gréco-catholique roumaine à l’Église orthodoxe. Elle arrêta tous les évêques gréco-catholiques, dont la plupart moururent en prison.

Les propriétés de l’Église gréco-catholique, et notamment 2000 églises, furent saisies et confiées à l’Église orthodoxe. La plupart d’entre elles n’ont pas été restituées, ce qui engendre des tensions entre chrétiens. « C’est une question compliquée, assure le père Francisc Dobos. Beaucoup de gréco-catholiques ont rejoint l’orthodoxie pendant la période communiste. D’autres, orthodoxes de naissance, fréquentent ces églises saisies depuis leur enfance. On ne peut pas tout restituer d’un coup de baguette magique ! »

Malgré ce passif, la venue du pape François, du 31 mai au 2 juin 2019, met tout le monde d’accord, assure le père Dobos : « Les Roumains, orthodoxes comme catholiques, sont heureux de recevoir le pape ! Il représente une autorité morale qui est très respectée dans notre pays. »

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