L’année 1960 est connue comme l’Année de l’Afrique, parce que c’est cette année-là que dix-sept pays africains ont obtenu leur indépendance. Le Père Apollinaire Cibaka Cikongo, prêtre congolais et doyen de l’Université officielle de Mbujimayi, ne voit pourtant pas là l’occasion de faire de grandes célébrations.

Propos recueillis par Maria Lozano.

Comment résumeriez-vous le rôle de l’Église catholique au cours de ces 60 années ?

Je crois que l’Église est l’institution qui fonctionne le mieux, dans cette Afrique qui enchaîne les échecs. C’est la seule de toutes les institutions héritées de l’Occident qui fonctionne. Dans de nombreux endroits, comme en République Démocratique du Congo, on peut dire que l’Église est l’État sans lequel il n’y a pas de vie, d’espoir, d’avenir… Et cela se voit dans de nombreux domaines, parmi lesquels il y a lieu de souligner l’éducation ou les soins de santé. En l’absence d’un État qui assure la formation et la santé des citoyens, l’Église est responsable d’environ 50 % des écoles, des centres de formation, des hôpitaux et des centres de santé. On compte parmi eux les meilleurs du pays, mais aussi les seuls dans les villages oubliés par l’État.

Quelles sont les difficultés actuelles auxquelles l’Église doit faire face ?

L’Église catholique accomplit son travail pastoral et social malgré une situation de fragilité interne et d’hostilité externe qui menace en permanence d’affaiblir ou de ruiner son travail. Nous souffrons d’une fragilité interne à cause d’un laïcat peu engagé dans sa vocation séculière. Tout l’engagement social de l’Église repose sur les évêques et les conférences épiscopales, ce qui la fragilise. En outre, nous manquons de moyens matériels et dépendons de la générosité extérieure. Sans cette aide, l’Église africaine serait incapable de vivre et de servir. Enfin, nous vivons dans un contexte de forte concurrence religieuse de la part des sectes évangéliques, et notre poids démographique diminue parce que nous n’avons pas réussi à renouveler notre façon de faire de l’apostolat.

Vous avez également mentionné une hostilité extérieure, qu’entendez-vous par là ?

En raison de son travail social, l’Église menace de nombreux intérêts, c’est pourquoi beaucoup de monde, en particulier les politiciens, ont pour objectif de réduire son influence. De ce fait, l’Église dérange, elle est détestée et même persécutée par certains États qui ne facilitent pas son travail. Il y en a même certains qui tentent, par des méthodes violentes et intimidantes, de faire taire toute critique.

L’une des techniques pour affaiblir l’Église est de créer des divisions entre chrétiens, et une autre est de chercher à corrompre le « monde religieux » par la multiplication de nouvelles Églises chrétiennes, dont beaucoup sont purement et simplement des organismes d’argent. Dans le cas de la République Démocratique du Congo, l’État a accordé au cours des trente dernières années un statut juridique à près de 17.000 Églises chrétiennes, soit une moyenne de trois nouvelles Églises créées tous les deux jours. Il en va de même pour la promotion sociale de l’islam par l’État.

Au milieu de ce panorama si sombre, où cette réflexion devrait-elle nous conduire ? Que pourrions-nous faire pour ne pas faire partie du problème, mais de la solution ? 

Seule une Église fidèle au Christ et à l’Évangile, une Église de la contemplation, de l’humilité, du service, de l’exemplarité et de l’engagement de tous ses membres, peut être à la hauteur de sa mission spirituelle au sein de la société. C’est la seule chose que le Christ lui demande pour qu’elle soit un temple et un instrument de son amour et de sa grâce.

 

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