Cet été, l’AED vous propose de découvrir les vies héroïques de témoins de l’Espérance, que ce soit en Algérie, en Roumanie, ou ailleurs, à travers une série de portraits. Aujourd’hui, voici celui du bienheureux Henri Vergès, martyr d’Algérie.

 Né en 1930 dans le Capcir (Aude), entré au juvénat des Frères maristes à douze ans, le frère Henri Vergès se veut au service de la jeunesse, au sein de sa communauté dont c’est la vocation, et montre de plus une âme d’apôtre. C’est pourquoi il souhaite partir en Amérique latine ou à Madagascar, mais c’est en Algérie qu’il est envoyé, en 1969. Il y sera directeur d’école, professeur, puis responsable d’une bibliothèque-centre d’accueil, ouverte à tous les jeunes au cœur de la Casbah d’Alger. Il prend très au sérieux sa mission d’éducateur et il étudie sans cesse pour se perfectionner : un seul de ses carnets comprend 413 notes de lecture ou de réflexion, également réparties entre éducation et prière.

Pour que l’Évangile touche le cœur de ces jeunes musulmans qui lui sont confiés, il décrit ainsi sa vision de l’apostolat : « Ma situation présente en milieu musulman a approfondi en moi une certaine vue de l’apostolat qui me paraît essentielle : « d’abord, témoignage d’une vie toute saisie par le Seigneur Jésus : ‘être témoin d’un ferment de renouveau peut transformer de l’intérieur toute une vie d’homme… respect profond de la personnalité de chacun, de son propre cheminement vers Dieu. L’aider surtout à être disponible, conséquent avec ce qui est sa foi, son idéal… L’inquiéter… ; rendre compte en toute clarté de sa foi, de son espérance, quand cela est attendu, désiré, demandé… et c’est là que les circonstances sont diverses’. De plus en plus, je suis heureux de me dévouer avec amour à ceux que présentement le Seigneur me donne de servir – je les porterai toujours dans mon cœur – mais reste prêt à les quitter pour d’autres encore… Je désire n’en considérer aucun comme un numéro, mais comme un enfant de Dieu, un frère que j’aime avec Dieu, essayant de le connaître par son nom. Toujours avec mes défaillances… Nous (les religieux présents en Algérie) sommes appelés à rayonner l’Évangile à travers notre vie dans une vraie charité envers Dieu et envers les hommes. D’où l’importance pour nous de la rencontre du Seigneur dans la prière, de cette veille, avec Marie, auprès de l’Eucharistie qui concrétise la présence du Seigneur parmi nous ».

Henri Vergès met ainsi la prière au cœur de sa présence comme chrétien, comme éducateur, comme consacré et comme homme de dialogue dans une Algérie musulmane déchirée par la guerre civile et la tentation islamiste. Dans une lettre qu’il envoie au frère Christian de Chergé – trois mois avant son martyre – il écrit : « Dans nos relations quotidiennes, prenons ouvertement le parti de l’amour, du pardon, de la communion contre la haine, la vengeance, la violence ».

C’est cette présence d’amour, de pardon et de communion au cœur de la Casbah qui dérange les extrémistes. Frère Henri Vergès est assassiné, en même temps que Sœur Paul-Hélène, le 8 mai 1995, par un commando d’islamistes. Il laisse cette note : « Le cinquième Évangile, que tout le monde peut lire, c’est celui de notre vie ».

Frère Henri Vergès et Sœur Paul-Hélène ont été béatifiés en 2018.

 

Didier Rance, auteur de Prier 15 jours avec les martyrs du XXe siècle, Nouvelle Cité, 2004

 

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