La décision de La Cour suprême du Pakistan vient d’être remise en cause à la suite de violentes manifestations, jetant une lumière crue sur la puissance des extrémistes dans ce pays.

Asia Bibi reste en prison. Les barrages montés par des extrémistes musulmans réclamant sa pendaison ont miné la résolution affichée par le gouvernement mercredi 31 octobre. Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, avait pourtant fait preuve d’une grande fermeté, en affirmant que l’État ne céderait pas : « Ils [les fondamentalistes] tentent de dire que si la Cour suprême ne rend pas une décision conforme à leurs attentes, ils n’accepteront pas le jugement. Cela signifie qu’ils vont sortir dans les rues et bloquer le pays. Un pays peut-il être géré de cette façon ? »

Défaillances en cascade de l’État pakistanais

Pour autant, un accord a été passé samedi 3 novembre entre les islamistes et le gouvernement. Il stipule d’une part que les autorités s’engagent à lancer une procédure pour interdire à Asia Bibi de quitter le territoire, et d’autre part qu’elles ne bloqueront pas une requête en révision de la décision de la Cour suprême. La chrétienne accusée de blasphème, condamnée à mort puis acquittée, fait un retour en arrière.

L’avocat qui avait obtenu sa libération, Me Saif-ul-Mulook, n’a obtenu aucune protection des autorités après le verdict, et a quitté le pays. « Je dois rester en vie pour continuer à défendre Asia Bibi », a-t-il déclaré à l’AFP. On se souvient qu’en 2011, un ministre chrétien Shahbaz Bhatti, qui s’opposait à la loi sur le blasphème, avait été assassiné à Islamabad. Toujours en 2011, un ex-gouverneur de la province pakistanaise du Pendjab, Salman Taseer, avait été abattu pour le même motif.

« La famille est totalement brisée »

Bien qu’elle ait été acquittée par la Cour Suprême de son pays, Asia Bibi demeure incarcérée dans la province du Penjab, au centre du Pakistan. Wilson Chowdhry, le président de l’association des chrétiens pakistanais du Royaume-Uni, fait part du désespoir des enfants d’Asia Bibi, qui croyaient que leur calvaire allait enfin s’achever : « Ses filles pleurent. Elles n’ont toujours pas vu leur mère. La famille est totalement brisée. Leur espoir initial s’est transformé en angoisse ».

Le mari d’Asia Bibi, Ashiq Masih, interrogé par la radio allemande Deutsche Welle, s’inquiète pour sa famille : « Nous n’avons aucune protection et nous nous cachons, changeant fréquemment de lieu ». Il craint pour la sécurité de son épouse en prison, et réclame un renforcement des mesures de sécurité. Il demande aussi l’asile politique pour sa famille, en Occident.

 

Crédits photo : Simon Caldwell – AED

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