Du 30 novembre au 2 décembre prochains, le pape François effectuera une visite pontificale au Bangladesh. A cette occasion, Eglises d’Asie propose de redécouvrir l’histoire de l’Église catholique dans ce pays où celle-ci constitue une toute petite minorité.

Au Bangladesh, pays musulman à 89 %, les chrétiens ne représentent qu’une petite minorité de 0,5 % de la population. Eglises d’Asie propose de redécouvrir l’histoire de l’Eglise catholique dans ce pays. Un travail réalisé en collaboration avec M. Jerome D’Costa, 70 ans, auteur de L’Histoire de l’Eglise catholique au Bangladesh.

Malgré une tradition ancienne et solide selon laquelle la première évangélisation du sous-continent indien serait l’œuvre de l’apôtre Saint Thomas en 52, l’histoire de l’Église catholique au Bengale est étroitement liée à l’activité missionnaire portugaise. Raison pour laquelle, dans cette région influencée tour à tout par le bouddhisme, l’hindouisme puis l’islam, le christianisme a la réputation d‘être une religion récente et étrangère.

Après la découverte de la route maritime vers l’Inde par Vasco de Gama, les commerçants portugais s’établirent à Cochin en 1506 et à Goa en 1510. Ils commencèrent leur incursion vers le Bengale en 1517 et établirent, en 1535, un port commercial à Chittagong. La première communauté catholique locale s’y installa en 1537.

La bienveillance de l’empire moghol

Après la chute du Sultanat du Bengale (1352-1576), l’empereur moghol Akbar accorda la permission aux Portugais de construire des colonies permanentes au Bengale et de prêcher leur religion. En 1599, la première église catholique fut construite à Chandecan, dans l’actuel district de Satkhira (sud-est du pays), par le P. Francisco Fernandez, de la compagnie de Jésus, avec l’autorisation du Raja Pratapadittya (1561-1611). L’église fut inaugurée le 1er janvier 1600, en présence des autorités.

En 1608, Islam Khan, le souverain moghol du Bengale, décida de faire de Dacca la capitale du pays et accueillit les commerçants étrangers, notamment portugais ; dès 1612 les missionnaires augustiniens portugais introduisirent le christianisme dans cette ville. Ils construisirent notamment l’église du Saint Rosaire en 1677, qui est aujourd’hui la plus vieille église de Dacca.

Ainsi, les premiers chrétiens au Bengale furent les Portugais. Les premiers convertis, essentiellement des hindous, se virent donner un nom portugais par les missionnaires, afin qu’ils puissent être identifiés comme chrétiens ; les autres missionnaires ne perpétuèrent pas cette pratique. Selon les Analecta Augustiniana, on comptait 27 000 catholiques romains au Bengale en 1682, dont 14 120 au Bengale oriental.

De la politique britannique à l’égard des religions sur le territoire de l’Empire

Pendant la période coloniale (1765-1947), les autorités britanniques adoptèrent d’abord une politique de non-interférence dans les religions des peuples sous leur domination. Encouragé par les missionnaires protestants, le parlement favorisa à partir de 1813 le développement du christianisme sur le territoire de l’Empire. Les sociétés missionnaires protestantes devinrent plus nombreuses et rejoignirent William Carey, le plus grand missionnaire protestant arrivé à Serampore, au Bengale occidental, en 1793. Les protestants furent les premiers à traduire la Bible en bengali.

Alors que l’influence du Portugal prenait fin, le vicariat apostolique du Bengale fut créé en 1834, puis subdivisé en 1850 en vicariats apostoliques du Bengale occidental et du Bengale oriental.

En 1886, le pape Léon XIII donna à Dacca le statut de diocèse, le premier au Bengale oriental. Le nouveau diocèse comprenait les territoires du diocèse actuel de Chittagong (Bangladesh), Silchar (Assam, en Inde), et Prome (Birmanie). Et ce n’est qu’après la partition des Indes en 1947, le Bengal oriental devenant le Pakistan oriental, que le premier évêque local, Mgr Theotonius Amal Ganguly, CSC, fut nommé, en 1968.

Une Église locale à la veille de la guerre d’indépendance de 1971

A la veille de la guerre d’indépendance qui sépara le Bangladesh du Pakistan, les quatre diocèses du pays étaient administrés par des évêques locaux. Durant le conflit, ceux-ci demeurèrent discrets et évitèrent de s’impliquer publiquement. Et, si des chrétiens et des musulmans s’engagèrent dans la Mukti Bahani, l’armée de libération, les chrétiens prodiguèrent des soins aux partisans des deux camps.

L’année où le Bangladesh obtint son indépendance fut créée la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh et la liberté religieuse fut reconnue. Un pro-nonce apostolique, Mgr Edward Idris Cassidy, fut nommé en avril 1973. Et dès 1975, un grand séminaire national ouvrit ses portes à Dakha.

Depuis le putsch de 1975 qui a renversé Bangabandhu Sheikh Mujib Ur-Rahman, le pays s’est enfoncé dans une instabilité politique dominée par les coups d’Etats et l’alternance au pouvoir des deux partis rivaux, l’Awami League (AL) dirigé par Sheikh Hasina, et le Bangladesh Nationalist Party (BNP) mené par Khaleda Zia, veuve du général Zia Ur-Rahman. Si le BNP se présente comme un parti conservateur et nationaliste prônant les valeurs de l’islam, la Ligue Awami se définit quant à elle comme défendant des valeurs laïques et socialistes.

A partir du début des années 1980 se sont multipliées les madrasas, écoles coraniques, diffusant un nationalisme islamique. Depuis le 11 mai 1988, l’islam est devenu religion d’État.

Dans ce pays confronté à de catastrophes naturelles récurrentes et marqué par un taux élevé d’analphabétisme, l’Eglise se distingue par son implication dans les domaines éducatifs, médicaux, sanitaires ou encore juridiques, en prenant la défense des droits, notamment fonciers, des aborigènes.

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