Magda Kaczmarek, responsable de projets AED en Biélorussie, brosse le portrait d’un peuple résolu à écrire une nouvelle page de son histoire.

L’issue des élections du 9 août 2020 a engendré de graves affrontements ; faut-il craindre la menace d’une guerre civile ?
La société biélorusse manifeste contre le résultat des élections. Les troubles et les tensions, quant à eux, étaient déjà perceptibles auparavant. C’est pourquoi les gens sont descendus dans les rues. Au début, c’étaient des conflits sanglants avec beaucoup de violence et d’agression contre les protestataires, des milliers ont été arrêtés. Selon des médias locaux, seulement quelques centaines d’entre eux ont été libérés. Depuis ces événements, les unités spéciales de la milice se sont retirées et les manifestations peuvent se dérouler pacifiquement. Jusqu’à présent, jamais l’histoire de la Biélorussie n’avait vécu de telles protestations.

Quelles sont les exigences de la population ?
Les Biélorusses sont disciplinés, c’est un peuple très bien organisé. Les gens tiennent entre leurs mains des fleurs, des ballons de baudruche ou des pancartes portant l’inscription « Ne nous frappez pas », ils parcourent pacifiquement les rues, et les rassemblements se déroulent sans agressivité. Pendant la période communiste, ils ont vécu suffisamment de souffrances et de deuils. Ils demandent la paix, la tranquillité et aspirent ardemment à la démocratie. En Biélorussie, les jeunes gens bénéficient d’une bonne formation, et ils observent avec enthousiasme comment leurs pays voisins, c´est à dire la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, se développent.

La Biélorussie est un pays magnifique, avec des paysages de toute beauté, de superbes lacs et de riches ressources naturelles. Les kolkhozes agricoles appartiennent à l’État. Néanmoins, les gens quittent les villages et sont de plus en plus nombreux à vivre dans les villes pour y trouver du travail. L’ordre et la propreté règnent partout, les routes sont excellentes. C’est ce que j’ai pu découvrir et vivre lors de mes voyages dans le cadre de mes projets. Ce pays a de nombreuses universités avec des excellents professeurs, et les jeunes gens prennent plaisir à suivre leur formation. Voilà autant d’atouts qui créent des chances de développer une conscience de la liberté et de la démocratie.

Face aux événements actuels et à la situation politique persistante en Biélorussie, l’Europe semble perplexe. Que peuvent entreprendre l’Union européenne et les voisins d’Europe de l’Est ?
Je suis certaine que le peuple est capable de résoudre lui-même ses problèmes. Sa Sainteté le pape François s’est adressé dimanche dernier, le 16 août, au peuple biélorusse, il lui a demandé de prôner la paix et la justice. La Biélorussie est un pays chrétien, la majorité est orthodoxe, l’Église catholique romaine constitue 10 % de la population. Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, l’archevêque catholique romain et métropolite de Minsk-Mahiljou, a lancé la semaine dernière un appel adressé à l’opinion publique, et proposé d’organiser une table ronde. Il a dit : « À ce tournant de notre histoire, au nom de notre Dieu miséricordieux, Dieu de l’amour et de la paix, j’invite les factions belligérantes à cesser toute violence. Ne laissez plus vos mains, qui sont faites pour des travaux tranquilles et l’amour fraternel, toucher des armes et des pierres. Faites prévaloir la puissance de l’argumentation, sur la base du dialogue dans la vérité et dans l’amour réciproque, et pas l’argument du plus fort. » Il a ajouté que jamais auparavant, les mains d’un frère n’avaient été tachées du sang de l’autre frère en Biélorussie.

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