Cet été, l’AED vous propose de découvrir les vies héroïques de témoins de l’Espérance, que ce soit en Algérie, en Roumanie, ou ailleurs, à travers une série de portraits. Aujourd’hui, voici celui de Mgr Kazimierz Swiatek, pendant dix ans au goulag. 

Né en 1914 à Pinsk (alors en Pologne), Kazimierz Swiatek est déporté avec toute sa famille en Sibérie à l’âge de six ans. Revenu chez lui, il est ordonné en 1939. Curé de campagne quand Hitler et Staline se partagent la Pologne, il est arrêté par les Soviétiques et condamné à mort comme « prêtre réactionnaire ». Mais, la nuit avant son exécution, l’armée allemande attaque et les troupes soviétiques se débandent : « J’ai donc dû d’avoir la vie sauve aux fascistes ! » Il retourne dans sa paroisse mais son presbytère est occupé par un officier de la Gestapo. Il reprend alors son service pastoral mais, trois ans plus tard, il est arrêté de nouveau puis une seconde fois condamné à mort, cette fois par l’occupant nazi. Un scénario similaire se produit : alors qu’il attend au fond de sa cellule d’être fusillé, l’Armée Rouge prend la ville : « Cette fois, ce sont les Soviétiques qui m’ont sauvé la vie ! »

Mais, retourné dans sa paroisse, le P. Swiatek est arrêté de nouveau par le KGB, avant même la fin de la guerre, et condamné à mort une troisième fois. Puis le juge lui dit : « Notre armée a besoin de toutes ses balles, nous n’allons pas en gâcher une en t’exécutant. Tu vas partir en Sibérie et là-bas, tu travailleras pour nous jusqu’à ce que tu en meures. » A la question : « A quoi avez-vous pensé toutes ces nuits où vous attendiez votre exécution ? », Kazimierz Swiatek répond : « J’ai prié, prié avec ferveur. Oh ! Pas des méditations et des oraisons compliquées, des Notre Père, cette prière toute simple : « Donne-moi une bonne mort », et d’autres tout aussi simples, de celles qu’on connaît par cœur. Dans ces moments, on n’a pas vraiment le temps de penser ! »

Il passe dix ans au Goulag, un enfer sur terre. « Vous ne vous êtes jamais révolté contre Dieu ? » – « Non, je n’avais pas une âme de Job. Je ne me suis jamais mis en colère contre Dieu, pas même contre Staline. Au contraire, je priais pour lui le Notre Père. Dieu m’avait gardé en vie. Dieu m’avait toujours protégé. J’avais, j’ai cette grande foi en Dieu et c’est elle qui m’a permis de survivre. »

Sa peine terminée, on veut le fusiller une fois de plus mais l’officier du KGB, devant lequel il comparait et proclame sa foi, ordonne soudain sa libération (« Ceci montre bien que le bon Dieu voulait me garder en vie ! Peut-être que quelqu’un de sa famille ou lui était croyant ? ») Il rentre en Biélorussie où il n’y a plus d’évêques, où les prêtres sont en prison ou interdits et les églises fermées, et commence un apostolat longtemps clandestin puis toléré par les autorités locales.

Nommé évêque en 1991 et cardinal en 1994, Mgr Swiatek a toujours gardé l’Espérance : « Nos croyants avaient une foi si forte que l’Espérance ne pouvait disparaître ! En prison, j’ai remarqué que les croyants ont survécu alors que les athées mouraient vite. C’était pareil pendant la persécution. Et le Seigneur m’a donné la grâce de voir ceci : nos enfants catéchisés et dans les églises, un séminaire ouvert et bientôt deux, des jeunes prêtres ordonnés ! ».

 

Didier Rance, auteur d’A travers la grande épreuve, Artège, 2016

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