Pourtant réputé plus calme que ses tumultueux voisins malien et nigérien, le Burkina Faso connait une flambée de violence. Sœur Thérèse, la mère supérieure des Sœurs des Campagnes, et le père Soubeiga, curé de Pama, témoignent auprès de l’AED.

Sœur Victorine, de la congrégation des Sœurs des Campagnes, était seule, au dispensaire de Kompienbiga, en ce jour de janvier dernier où « vers 16h, huit ou dix individus cagoulés et armés lui ont demandé de quoi soigner leurs combattants blessés mais la religieuse n’avait pas accès à la pharmacie. Ils lui ont alors tenu des propos insupportables et ont tout cassé pour se servir eux-mêmes » explique le père F. Soubeiga, curé de Pama et Frère Missionnaire des Campagnes. Pour ne plus rester isolées, les religieuses se sont alors réfugiées chez les frères, à Pama, à une quinzaine de kilomètres de leur couvent.

« La tension monte et la peur saisit les gens »

« A Kompienbiga, la tension monte surtout depuis août 2018, explique sœur Thérèse, la mère supérieure des Sœurs des Campagnes. Des assaillants entrent régulièrement dans les villages, rassemblent la population et leur donnent des instructions. La peur saisit les gens. » Dans la nuit du 14 septembre 2018, deux attaques terroristes sont perpétrées dans les villages de Diabiga et Kompienbiga. En février dernier, le père César Fernandez est assassiné. Puis le père Joël Yougbaré disparait le 17 mars 2019, « vraisemblablement enlevé par des individus armés » selon l’Église locale.

Les sœurs se sont dispersées

« C’est la première fois que nous devons tout quitter dans l’urgence, sœur Thérèse. 4 des 7 religieuses de la communauté sont réfugiées à Pama et 3 ont quitté le pays pour le Togo où elles finissent leur formation. On ne sait pas quand elles pourront revenir. C’est dur. » Le prieuré se situait à Kompienbiga depuis 25 ans où les sœurs s’occupaient d’une quarantaine d’enfants, de trois à six ans, dans une école maternelle ; elles venaient d’ouvrir un centre de couture pour apprendre le métier à cinq jeunes.

Pour l’instant, même à Pama, le couvre-feu est de rigueur. « Nous vivons dans un climat délétère, confirme le père Soubeiga. En tant que catholiques, nous sommes les plus exposés car nous représentons une institution centralisée, facilement identifiable. Frapper un curé, c’est pénaliser tout un territoire. »

« Impossible de comprendre »

La gendarmerie impose donc des règles strictes de sécurité. « Certaines zones me sont interdites, se désole le curé de Pama. Au mois de janvier, en 15 jours, j’ai dû faire évacuer les catéchistes de Diabiga, de Kompenbiga  et d’un autre village à 78 km de Pama. Quant à l’avenir proche, il est très probable que nous ne puissions pas célébrer la veillée pascale ! »

À la question de savoir qui est responsable des exactions de ces derniers mois, le prêtre est formel : « Impossible de comprendre. Aucun groupe ne revendique les attaques. On parle de mercenaires mais certains terroristes sont clairement Burkinabés car ils parlent parfaitement les langues locales. »

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