CENTRAFRIQUE : Mgr Dieudonné Nzapalainga, artisan de paix et de réconciliation

En 2014, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, était venu porter la souffrance et l’espoir du peuple centrafricain lors de La Nuit des Témoins. Il avait témoigné de l’escalade de violence qui déchirait son pays, la République centrafricaine, depuis décembre 2012 ; artisan de paix, il appelait la nation à se réconcilier. Élevé au cardinalat par le pape François en 2016, il nous donne de ses nouvelles.

Que devenez-vous ?

En date du 19 novembre 2016, j’ai été crée cardinal par sa sainteté, le pape François.  Le cardinalat que je prends non comme une mérite ou autre chose, mais comme un appel, un don que le Seigneur a fait, non à moi, mais à son peuple centrafricain  et à l’humanité qui souffre et aspire à la paix.

Depuis ma création comme cardinal et lors de la messe d’action de grâce, les évêques m’ont invité à visiter les chrétiens dans leur diocèse. J’y vais pour annoncer la Bonne Nouvelle,  encourager et apporter la paix au peuple de Dieu.

Quelle est la situation dans votre diocèse, votre pays ? Comment  a-t-elle évolué ?

Il y a une évolution  sur tous les plans :

• sur le plan socio-éducatif, un grand nombre d’établissements scolaires ont fonctionné sans être perturbé cette année dans l’ensemble. Toutefois certains établissements en province ont cruellement manqué d’enseignants.  Les examens d’Etat ont eu lieu.
• Sur le plan socio-politique, le gouvernement avec l’appui du HCR, de la Minusca et de certains partenaires a réussi des opérations de rapatriement de quelques compatriotes qui étaient restés longtemps à l’étranger à cause de l’insécurité. Par contre, 80 % du territoire échappe à l’autorité de l’Etat. Le contexte de la signature de l’Accord de Khartoum ambigu ne fait pas l’unanimité et est violé par les mêmes signataires.
• Sur le plan sécuritaire, il y a un effort du gouvernement afin d’assurer la protection de la population centrafricaine par le redéploiement progressif des Faca dans les provinces. Il y a aussi la poursuite de la nouvelle phase du DDRR malgré les derniers massacres perpétrés contre la population civile sans défense dans certaines préfectures du pays.
• Sur le plan socio-économique, des contrats sont signés avec des entreprises étrangers en vue de développer notre économie mais ces sociétés exploitent de façon anarchique les ressources de notre pays sans aucune retombée positive pour les populations locales. Cette pratique met à mal la vie des populations.
  

Quels sont vos projets ?

Le projet qui me tient à cœur c’est la paix, le retour de la paix dans le pays. C’est  pour cela que j’effectue des tournées pastorales  dans mon diocèse et jusque dans les zones rouges (occupées par les rebelles) et même aux confins de la Centrafrique, du Tchad et du Soudan, dans la ville de Birao à 1350 km de Bangui apportant mon témoignage, confirmant la foi des fidèles, prêchant  la paix et la concorde, bref apporter une parole d’apaisement en devenant la voix de sans voix.  Malgré les difficultés matérielles et la situation sécuritaire encore instable, je n’hésite pas à aller à la rencontre du peuple de Dieu.

Quel souvenir gardez-vous de la Nuit des Témoins ?

Un très beau souvenir. Voir la veillée de prière organisée pour porter ceux qui souffrent et  les témoignages de ce qui se passe dans le monde aujourd’hui, de la situation des chrétiens, m’a beaucoup touché. Cette communauté en prière et attentive est une expression de l’amour de Dieu afin de soutenir l’Eglise en détresse pour que l’Eglise puisse annoncer la Bonne Nouvelle.

Que souhaitez-vous dire aux bienfaiteurs de l’AED ?

L’AED est un organisme de l’Eglise qui aide et rend un grand service aux Eglises du monde. Grâce  à leur contribution, l’Evangile est annoncé, les communautés sont créées, des Eglises sont bâties, les catéchises reçoivent les livres et animent la vie de prière. Nous leur exprimons notre gratitude pour leur générosité.

Pour retrouver le témoignage de Mgr Dieudonné Nzapalainga : cliquer ici