Après 67 ans de rupture, le Vatican et la République populaire de Chine ont signé samedi à Pékin un accord « provisoire » sur la nomination des évêques. Le pape François a décidé de réadmettre dans la pleine communion ecclésiale huit évêques illégitimes, qui avaient été ordonnés sans mandat pontifical.

Samedi 22 septembre, le Saint-Siège et la République populaire de Chine ont signé un accord « provisoire » au sujet de la nomination des évêques. Deux autres communiqués, publiés le même jour, ont annoncé la levée de l’excommunication de huit évêques illégitimes (1), c’est-à-dire ordonnés sans l’accord du pape, et la création du diocèse de Chengde. Celui-ci sera probablement confié à Mgr Guo Jincai, l’un de ces huit évêques réadmis dans la pleine communion ecclésiale et par ailleurs secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Chine.

Le contenu de l’accord demeure secret

Cet accord « provisoire », dont le contenu reste encore secret, est  destiné, selon le Saint-Siège, à « contribuer positivement à la vie de l’Eglise catholique en Chine, au bien commun du peuple chinois et à la paix dans le monde ». Soulignant que « le pape François [portait] une attention particulière au peuple chinois », le cardinal Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, a déclaré que cet accord était d’une « grande importance pour la vie de l’Eglise en Chine, pour le dialogue avec les autorités de ce pays, et pour la promotion d’un horizon de paix ». Il a en outre appelé à « surmonter les incompréhensions du passé, y compris du passé récent ».

Greg Burke, porte-parole du Vatican, a de son côté affirmé que « l’objectif de l’accord n’est pas politique mais pastoral, permettant aux fidèles d’avoir des évêques en communion avec Rome, mais en même temps reconnus par les autorités chinoises […] Ceci n’est pas la fin d’un processus, c’est le début », a-t-il souligné.

Des évêques élus et consacrés sans l’accord de Rome depuis 1958

Depuis 1958, des évêques sont régulièrement « auto-élus et auto-consacrés » en République populaire de Chine, sans mandat pontifical. Pour la première fois, le 18 mars 1958, deux évêques avaient été élus et consacrés sans l’accord de Rome : Bernardin Dong Guangqing, pour le diocèse de Hankou, et Marc Yuan Wenhua, pour le diocèse de Wuchang.

Le 19 juin 1958, le pape Pie XII avait publié une encyclique adressée aux catholiques chinois : Ad Apostolorum principisPrès du tombeau du prince des apôtres dans laquelle il dénonçait l’action de l’Association Patriotique – fondée en 1957 – et déplorait les consécrations épiscopales sans accord de Rome comme un acte très grave d’insoumission à l’Eglise.

Vers l’établissement de relations diplomatiques ?

La République populaire de Chine et le Vatican n’entretiennent actuellement pas de relations diplomatiques : la non-ingérence du Saint-Siège « dans les affaires intérieures de la Chine, y compris sous prétexte de religion » et la rupture de relations diplomatiques avec Taiwan, au nom du principe de la Chine unique, constituent les deux exigences traditionnelles de Pékin à l’égard du Saint-Siège.

Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, archevêque émérite de Hong-Kong, s’est inquiété du contenu secret de cet accord et du sort réservé aux évêques souterrains des deux diocèses de Mindong et de Shantou où les évêques illégitimes, nommés par les autorités chinoises, ont été réadmis par le pape François dans la pleine communion ecclésiale.

Suite à cet accord, qu’en sera-t-il des évêques clandestins en général ? En janvier dernier, selon Ucanews, les autorités chinoises avaient fait savoir à Mgr Shao Zhumin, évêque de Wenzhou, non reconnu par le gouvernement, qu’il lui fallait respecter quatre conditions pour qu’il obtienne la reconnaissance de celui-ci : reconnaître l’indépendance de l’Eglise en Chine vis-à-vis du Saint-Siège, admettre la nomination des évêques par les autorités chinoises, concélébrer une messe avec un évêque non reconnu par le Vatican et respecter les nouvelles dispositions encadrant les religions.

 

En ce moment crucial pour l’avenir de l’Eglise en Chine, l’AED appelle à prier Notre-Dame de Sheshan, mère de la Chine et de l’Asie, pour l’unité et la réconciliation de l’Eglise qui est en Chine.

 

 

(1) Les évêques illégitimes, nommés par l’Association patriotique et que le pape François a décidé de réadmettre dans la pleine communion ecclésiale, sont Mgr Vincent Zhan Silu, Mgr Joseph Liu Xinhong, Mgr Joseph Ma Yinglin, Mgr Joseph Guo Jincai, Mgr Joseph Huang Bingzhang, Mgr Paul Lei Shiyin, Mgr Joseph Yue Fusheng et Mgr  Antoine Tu Shihua, ordonné évêque en 1959 et décédé en janvier 2017. Leur nomination sur un siège ecclésial n’a pour l’instant pas été précisé.

 

 

 

Nous soutenir

Votre soutien nous est nécessaire

Apportez votre pierre à l’édifice, donnez et vous recevrez ! « Donnez et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6, 38)

Faire un don Tous les moyens d'aider
Faire un don