Après une précédente rencontre en juin dernier à Singapour, Donald Trump et Kim Jong-un, les dirigeants américain et nord-coréen, se sont retrouvés à Hanoi, au Vietnam, les 27 et 28 février, sans parvenir à un accord. L’AED a interviewé Mgr René Dupont, de la société des Missions étrangères de Paris (MEP), missionnaire en Corée du Sud depuis 1954, qui fait part de sa déception.

Le président américain, Donald Trump, a rencontré Kim Jong-un, le leader coréen, pour la deuxième fois, mais aucun accord n’a été signé à l’issue de cette rencontre. Qu’en pensez-vous ?

Ce genre de rencontre, préparé pendant des mois, permet de rendre public ce qui a été négocié au préalable. Cette rencontre est un échec et c’est invraisemblable. Elle avait suscité de fortes attentes qui ont été déçues. Peut-être que le leader du Nord a tenu à montrer son autorité ; ou que le président américain a été maladroit. Seules deux femmes, qui ont assuré la traduction des échanges, pourraient donner des explications crédibles sur ce qui s’est passé.

En tout cas, j’ai bien peur que cet échec n’empêche le dialogue de continuer alors que nous vivions une phase constructive. En témoigne la reprise des rencontres des familles séparées depuis la guerre (1950-1953). Elu en 2017, le président Moon Jae-in, catholique convaincu, s’est engagé en faveur du dialogue avec la Corée du Nord – où il s’est d’ailleurs rendu récemment. Il va rencontrer d’immenses difficultés dans son pays où des élections législatives sont prévues l’an prochain.

Le processus de rapprochement, amorcé par le président Moon depuis son élection, est donc menacé ?

Depuis l’élection du président Moon, des athlètes de Corées du Nord ont participé aux JO d’hiver en Corée du Sud en février 2018 ; les deux dirigeants coréens se sont rencontrés sur la ligne de démarcation en avril 2018 ; le président sud-coréen a été invité au Nord en septembre 2018 et s’y est adressé à la foule, dans l’immense stade du 1er mai de Pyongyang.

L’armistice, signé entre la Corée du Nord et les Nations Unies, représentées par les Américaines, dure depuis 65 ans. C’est une situation évidemment anormale. Mais vous savez, on ne parle presque plus de réunification : il existe deux Corées depuis 70 ans, et, ce qui est important, désormais, c’est la pacification et la dénucléarisation. Il va falloir être patient. Ici, nous sommes habituées aux menaces de la Corée du Nord.

Que fait l’Eglise catholique pour favoriser le rapprochement entre les deux Corées ?

En Corée du Nord, il n’y a ni Eglise constituée, ni Eglise souterraine. Il n’y a aucun prêtre, aucune organisation chrétienne. Je m’y suis rendu à deux reprises et notamment à Pyongyang où il n’y a qu’une église catholique. Le dimanche, l’église était ouverte de 11h à midi. J’ai été étonné de la voir pleine mais, en réalité, il s’agissait de figurants. Il n’y avait que quelques chrétiens parmi eux. A la fin de l’office, tout le monde a, d’ailleurs, rapidement disparu.

En Corée du Sud, Mgr Peter Lee Ki-heon, évêque d’Uijeongbu, originaire de Corée du Nord, est le président du Comité pour la réconciliation du peuple coréen de la Conférence épiscopale. Il fait son possible pour que la réconciliation soit effective. Le président de la conférence épiscopale est également président d’une association des religions, dont les représentants se rencontrent régulièrement. Ceux-ci ont d’ailleurs rencontré le président Moon, qui les a encouragés à œuvrer au rapprochement entre les deux Corées.

Par l’intermédiaire du président sud-coréen, Kim Jong-un a proposé au pape François de venir en Corée du Nord. Ce n’est pas une invitation officielle mai, si le Saint-Père pouvait intervenir, ça serait évidemment une très bonne chose.

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