À Cuba, la période de consultation populaire sur la réforme constitutionnelle a expiré jeudi 15 novembre, après trois mois de débats ; c’est dire si le peuple et l’Église vivent une période de changements. Le père Rolando Montes de Oca, 37 ans, de l’archidiocèse de Camagüey, se confie à l’AED.

Et comment l’Eglise parvient-elle à surmonter ces limitations ?

Bien que l’Église de Cuba rencontre de nombreuses difficultés, elle ne se décourage pas. Nous ne pouvons pas accéder librement aux médias, mais nous n’arrêtons pas de communiquer l’Évangile. Dans les évêchés, des magazines et des bulletins parlent de la foi et cherchent à éclairer la vie ordinaire du peuple cubain.

Bien que nous n’ayons pas accès à l’éducation parce que, comme je l’ai déjà dit, elle est de facto athée, nous avons des centres de formation où transmettre des valeurs chrétiennes et civiques. Il est très difficile de construire des églises, mais dans de nombreux villages qui n’en ont pas, la communauté chrétienne est vivante, célèbre et témoigne de sa foi chez les gens qui ouvrent leurs portes pour célébrer l’Eucharistie, et elle propose une formation chrétienne.

Quel est le rôle de l’Église à Cuba ?

Nous essayons de dialoguer et de montrer que nous ne représentons pas un danger pour la société cubaine. En outre, l’Église a beaucoup à offrir et a le droit que lui soient accordés des espaces où elle puisse mieux rendre ce service. L’objectif n’est pas de s’opposer, mais d’aider dans l’unité, en respectant la diversité des idées, afin qu’un jour il soit possible d’atteindre un Cuba « avec tous et pour le bien de tous », sans exclure personne.

Et quel est votre plus grand défi ?

À mon avis, le problème dont l’Église cubaine pâtit le plus aujourd’hui est sa mission de médiatrice dans un processus de réconciliation nationale que nous jugeons nécessaire. Le peuple cubain est divisé. L’Église de Cuba cherche à faire de la place à chacun, en invitant continuellement au dialogue.

Malheureusement, depuis le début du « conflit », il n’y a pas eu d’ouverture au dialogue, ni au travers de la position officielle du gouvernement, ni de la part de l’opposition la plus radicale. Ainsi l’Église est-elle parfois qualifiée de « communiste », et d’autres fois il lui est reproché d’être manipulée par l’opposition ou par les intérêts politiques des États-Unis. Les deux accusations sont fausses : l’Église à Cuba n’est tout simplement pas bien comprise. Alors que pour le parti communiste, le prix des bonnes relations entre l’Église et l’État est son silence face aux grands problèmes sociaux qui persistent, d’autres interprètent souvent la mission de l’Église comme une position politique militante qui exclut et condamne les relations avec le gouvernement en termes absolus. Cependant, la position de l’Église à Cuba n’est absolument pas belliqueuse, ni dans un sens ni dans l’autre. L’Église est une mère, elle n’est l’ennemie de personne. L’Église est l’épouse du Christ et ne s’unira pas aux puissances terrestres, même si cela est difficile à comprendre pour beaucoup.

Comment voyez-vous l’avenir de l’Église de Cuba ?

Imaginer l’avenir de Cuba est très difficile. Nous rêvons d’un avenir de paix, construit dans le dialogue, la justice et le pardon. Mais quoi qu’il arrive, l’Église de Cuba ne renonce pas face aux difficultés. Elle a appris à ouvrir les fenêtres là où les portes sont fermées. L’Église de Cuba est une communauté d’espérance qui tente de transmettre celle-ci à une société qui est en grande détresse.

 

Pour retrouver la première partie de cet entretien, cliquer ici

(crédit photo : AED/Ulrich Kny)

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