Le 5 juillet, le dernier hôpital catholique d’Érythrée a été fermé de force par les autorités. 22 cliniques et centres médicaux de l’Église ont été fermés en 7 semaines.

« L’opération brutale du gouvernement érythréen a pour objectif de retirer à l’Église le droit de fournir tous les services dans le domaine de l’éducation et de la santé. Il est prévu que notre travail ne se limite plus qu’à nos lieux de culte », a expliqué à l’AED le père Mussie Zerai. Installé à Rome, il coordonne depuis la capitale italienne la pastorale en Érythrée et dans les communautés érythréennes en Europe.

Mi-juin, les soldats de l’armée érythréenne ont brutalement investi 21 hôpitaux et centres médicaux gérés par l’Église et les ont fermés. Les patients ont littéralement été jetés hors de leurs lits. L’armée a détruit des portes et des fenêtres et fait pression sur les employés, explique le père Zerai. La directrice d’un hôpital du nord de l’Érythrée, une religieuse franciscaine, a même été emprisonnée parce qu’elle résistait.

Plus que l’Église, c’est la population qui souffre de détresse

« Rien ne justifie l’action du régime. Celui-ci sanctionne ceux qui s’occupent des plus pauvres », a ajouté le père Zerai. En effet, plus encore que les collaborateurs de l’Église, ce sont les plus de 200 000 personnes recevant chaque année des soins médicaux dans les institutions de santé de l’Église qui souffrent. « La plupart des patients n’étaient pas des catholiques, mais des chrétiens orthodoxes, des musulmans et des membres d’autres religions. Souvent, les établissements sont situés dans des régions très isolées », poursuit le prêtre.

Ce mode d’action du gouvernement n’est pas récent. L’année dernière déjà, huit dispensaires avaient été fermés de force. Ce qui est nouveau, par contre, c’est la brutalité mise en œuvre. Pour le père Zerai, la situation est très claire : « Le gouvernement est obsédé par le contrôle de tout et chacun. Il considère l’Église catholique comme une menace parce que nous disposons d’un réseau international et posons des questions. »

Toutes les religions souffrent dans cet État marqué par l’athéisme

120 000 à 160 000 catholiques au maximum vivent en Érythrée. La moitié de la population est chrétienne. En sus de l’Église catholique, seules les Églises orthodoxe et évangélique luthérienne sont tolérées à titre de communautés religieuses – à côté de l’islam sunnite. Contrairement à de nombreux pays d’Afrique du Nord, l’islam n’est pas la religion d’État en Érythrée. Le pays est « marqué par l’athéisme. Si cela ne dépendait que du gouvernement, il n’y aurait aucune religion. Au final, cela procède du même type de pensée qu’en Chine » déclare le père Zerai.

Pas de Constitution, pas de droits fondamentaux

« La raison pour laquelle de plus en plus de jeunes Érythréens partent pour l’étranger réside dans l’absence d’État de droit », explique le père Zerai. Jusqu’à aujourd’hui, le pays n’a aucune Constitution en vigueur. « Les gens peuvent donc être arrêtés et emmenés de chez eux sans raison. Le service militaire également s’est transformé en esclavage légalisé. Les jeunes gens sont spoliés de toute possibilité de construire leur avenir », déplore le prêtre.

Malgré l’escalade qui se produit actuellement, le prêtre est convaincu que « L’Église catholique poursuivra ses activités pastorales, mais aussi sociales. Comme il est déjà écrit dans la Bible : La foi n’est rien sans véritable engagement, sans œuvre. Retirer à l’Église la possibilité de pratiquer la charité, c’est comme si on lui amputait un bras. »

 

 

 

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