Une bataille oppose les partisans de l’Hindutva « une nation, une religion, une langue » et ceux qui entendent préserver l’égalité des citoyens et la liberté des minorités. Le père jésuite Cédric Prakash, basé à Ahmedabad, entre en résistance.

Depuis décembre 2019, des millions de manifestants protestent, dans toute l’Inde contre l’amendement controversé à la loi sur la citoyenneté (CAA). Il utilise la religion comme critère de citoyenneté. Le gouvernement indien prévoit également de mettre en œuvre deux autres mesures en matière de citoyenneté – le Registre national de la population et le Registre national de la citoyenneté – qui pourraient avoir une incidence négative sur la communauté chrétienne de l’Inde. Comme la plupart des chrétiens indiens n’ont pas l’acte de naissance requis pour prouver leur citoyenneté, ils pourraient être contraints de s’identifier comme hindous.

Ils risquent de déchirer le pays

Le père Cédric Prakash participe à la campagne nationale « Nous le peuple de l’Inde », exigeant le retrait immédiat et sans condition de la CAA, du Registre national de la citoyenneté (RNC) et du Registre national de la population (RNP). Il avertit :

« En garantissant la citoyenneté à tous les sans-papiers à l’exception des musulmans, la CAA  risque de déchirer le pays, de rouvrir les blessures de la partition (entre l’Inde et le Pakistan), et finalement, de détruire les principes laïques et démocratiques de la Constitution.

Les lois sur la citoyenneté sont problématiques pour les chrétiens, puisque la majorité des citoyens indiens n’ont pas de certificat de naissance officiel délivré par le gouvernement. Auparavant, les documents d’identité tels qu’un permis de conduire, un passeport ou un certificat de l’école secondaire étaient acceptés comme preuve de naissance. Et pour les chrétiens, en particulier les catholiques, un certificat de baptême suffisait.  Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, pour prouver que vous êtes un citoyen indien, vous devez produire un certificat de naissance provenant d’une agence gouvernementale officielle.

Discrimination administrative

S’ils disent qu’ils sont hindous, leur absence de papiers pourra être négligée. Mais s’ils insistent pour dire qu’ils sont chrétiens et qu’ils sont incapables de produire la documentation requise, ils risquent d’être déclarés apatrides. Ils pourraient alors être envoyés dans des camps de détention et même être expulsés Dieu sait où. Tout cela aura des implications très graves pour l’avenir des chrétiens. Ce sont des temps extrêmement difficiles pour les chrétiens en Inde. Il y a eu des attaques constantes contre les pasteurs, les prêtres et les chrétiens laïcs. Les biens de l’Église sont ciblés. L’intimidation, le harcèlement et le dénigrement des chrétiens par des groupes nationalistes proches de l’idéologie « Hindutva » se poursuivent avec une régularité effrayante.

L’Hindutva n’a rien à voir avec l’hindouisme dominant. Il y a un très faible pourcentage d’Indiens qui souscrivent à l’idéologie Hindutva, mais aujourd’hui ils contrôlent les rênes du pouvoir au niveau du gouvernement central et de certains États indiens. Ceux qui adhèrent à l’Hindutva croient au dicton fasciste « une nation, une religion, une langue ». Tous les autres sont censés se soumettre, et les membres des minorités, en particulier chrétiennes et musulmanes, sont traités comme des citoyens de seconde classe ».

 

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