Batnaya est une cité du nord de l’Irak, à environ 24 km de Mossoul. Elle a été détruite à 99% par l’État Islamique. Les premières familles chrétiennes reviennent…

Avant l’arrivée de l’État Islamique, Batnaya comptait 950 familles, toutes catholiques chaldéennes. La ligne de front entre l’État islamique et les Peshmergas traversait ce village qui a certainement été l’un des endroits les plus durement touchés par les combats, par l’invasion des terroristes islamiques et par les bombardements des troupes de la coalition alliée. Selon l’étude menée parl’AED, seules dix des 977 maisons de la zone sont restées indemnes après la libération de la région, les deux tiers de ces maisons ayant été complètement détruites ou brûlées. C’est pourquoi, bien que les habitants déplacés de Batnaya se soient réunis à Pâques 2017 pour célébrer leur première messe après plus de deux ans d’occupation terroriste, toute idée de retour semblait impossible. Pendant plus de deux ans, Batnaya a été une ville fantôme.

Une famille de pionniers soutenue par le curé

Du moins, c’était la situation jusqu’à l’été dernier. La première famille s’est présentée le 22 juin 2019. Sa maison était en mauvais état, mais Faris Hanna Naamo voulait revenir. « Après tout, c’était ma maison », explique-t-il à l’Aide à l’Eglise en Détresse. Il a été assez têtu pour convaincre sa femme Hana, et avec leurs trois enfants, ils sont retournés au village. « Il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau courante… ni voisins. Même quelque chose d’aussi simple que d’aller faire ses courses était risqué, car il fallait parcourir cinq kilomètres en traversant les points de contrôle jusqu’à la ville la plus proche, Teleskuf », explique Faris.

« Têtu ou persévérant ? » se demande à haute voix le Père Aram Rameel Hanna, curé de Batnaya, qui, dès le début, a été un soutien très important pour la famille de Faris. Le couple lui est très reconnaissant, car, comme ils l’assurent à l’AED, il n’y a pas eu un seul jour pendant cette terrible période sans que le Père Aram ne rende visite à la famille : « Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans lui. Nous avons traversé des moments très durs, où il était difficile de croire que tout irait mieux. Je me souviens que ma plus jeune fille, Nour, n’avait pas d’amis avec qui jouer, elle n’avait que sa sœur aînée. Elle prenait sa bicyclette et traversait les rues vides pendant toute la journée. J’avais de la peine pour elle. Quand le Père Aram est arrivé, ça a été pour nous un grand cadeau, nous redonnant courage. Ça a été une bouffée d’air frais qui a affermi notre foi. Grâce à lui, nous avons pu rester fermes dans la foi ».

Le Père Aram insiste pour minimiser son importance, en disait qu’il ne venait que pour prendre une tasse de thé. Mais ce n’est un secret pour personne que ce prêtre, formé à Harvard et qui dirigeait un centre d’aide pour les personnes souffrant de traumatismes et de syndromes de stress dans la ville voisine d’Alqosh, était sur le point de partir avec une bourse pour terminer ses études quand son évêque lui a demandé de s’occuper de Batnaya, si bien qu’il est resté.

Le « Marché des rapatriés » gagne de nouveaux clients

 

Après la famille de Faris et Hana, une autre famille a eu le courage de revenir : Ghaliy Nouh Oraha, sa femme Sandra et leurs cinq enfants. Ils sont revenus à Batnaya le 25 septembre 2019. Il y avait donc déjà deux familles. Diver Salem, un commerçant, a pensé qu’il était temps d’ouvrir un commerce. C’est ainsi qu’est né le « Marché des rapatriés ». L’audace de Diver Salem a impressionné le Père Andrzej Halemba, responsable des projets de l’AED au Proche-Orient, lors de sa dernière visite en Irak : « Diver Salem m’a confié qu’il avait pressenti que le temps était venu, mais je ne sais pas comment il a pu s’imaginer que d’autres familles le verraient aussi de cette façon. Il n’aurait jamais survécu avec seulement deux familles comme clients. Bien sûr, il y a des familles qui se sont senties plus en sécurité grâce à la présence d’un magasin, mais maintenant 75 familles sont déjà revenues ! Je crois que c’est clairement une œuvre de la Providence ; sinon, cela n’aurait pas si bien fonctionné».

« J’ai même rencontré un homme qui est revenu d’Allemagne et qui attendait que sa femme le rejoigne », poursuit le Père Andrzej Halemba. Il fait référence à Basher Kiryakos Hanna qui, tout comme son épouse, ne se sentait pas chez lui en Europe et est revenu dès qu’il a pu. « Cependant, ce n’est pas facile », souligne le Père Halemba, « nous ne pouvons pas oublier les atrocités qui se sont produites en Irak : le danger était réel, et les gens étaient morts de peur. Maintenant, Batnaya refait surface timidement, il y a plus de 300 chrétiens dans la ville, et je suis sûr que d’autres viendront si nous les aidons avec l’AED».

Une nouvelle crèche

Il s’agit d’une aide indispensable, car il y a des projets qui sont d’une importance fondamentale pour la vie de la communauté. Les chrétiens de Batnaya ont besoin d’une église, d’un lieu de rencontre et d’une crèche pour leurs enfants. Un autocar de ramassage scolaire passe prendre chaque matin une vingtaine d’enfants enthousiastes de retrouver leurs amis et d’apprendre de nouvelles choses. Mais pour les plus jeunes enfants, il n’y a toujours pas de crèche. Les Sœurs dominicaines de Catherine de Sienne, présentes à Batnaya depuis plus de cent ans, ont dû fuir avec la population et l’ont accompagnée pendant l’exil à Ankawa et à Duhok. Aujourd’hui, elles veulent revenir pour continuer à la servir. Elles ont un double projet : reconstruire le jardin d’enfants et leur couvent, tous deux bombardés pendant les combats. Avec le soutien de l’ AED, elles espèrent obtenir des dons pour pouvoir démarrer les travaux. « Inch’allah [si Dieu le veut] », disent les sœurs qui, bien qu’ayant beaucoup souffert ces dernières années, n’ont perdu ni leur courage ni l’espérance en Dieu.

L’église de Mar Kriakhos et la chapelle consacrée à l’Immaculée Conception, profanée, brûlée et pillée par les terroristes de l’État Islamique, attendent aussi de l’aide pour leur reconstruction. Les statues ont été décapitées, les vitraux détruits, les terroristes ont utilisé les lieux comme zone de tir et ont dessiné des graffitis en arabe et en allemand : « Esclaves de la croix, nous allons tous vous tuer. Ici, c’est la terre de l’Islam, il n’y a pas de place pour vous ». Fari et Hana, Ghaily et Sandra, Basher Kiryakos ou Diver Salem ont eu le courage et l’audace de revenir et de montrer que leur foi et leur amour pour la terre de leurs ancêtres étaient plus forts que la peur et les menaces. L’AED s’est engagée à les aider à atteindre leur but.

 

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