Mgr John Darwich, archevêque de l’Église Melkite grecque catholique de Zahlé et de Forzol au Liban, accueillera l’arrivé des voiliers de La Route du Liban, un rallye nautique pour les chrétiens d’Orient qui se déroulera du 16 juin au 10 juillet, de Marseille à Jounieh. Il témoigne de l’importance de la solidarité des chrétiens dans cette période, critique pour son pays.

 

Vous faites face à une situation de crise au Liban, notamment en raison de la présence de nombreux réfugiés ; voyez-vous la situation s’éclaircir ?

La situation globale des réfugiés syriens ne s’améliore pas. Selon des estimations prudentes, environ un quart des habitants du Liban se compose présentement de réfugiés syriens. L’ONU compte 1,2 millions de déplacés, mais les réfugiés ne sont pas tous enregistrés. Ils sont donc probablement bien plus nombreux. Certaines sources évoquent deux millions de Syriens ayant trouvé refuge au Liban [qui compte quatre millions d’habitants, ndlr]. Beaucoup de ces réfugiés viennent du nord de la Syrie, or la situation là-bas ne permet pas leur retour dans de bonnes conditions.

La criminalité a empiré massivement. Par ailleurs, les Libanais sont mis sous pression par la main d’œuvre bon marché. De toute manière, il y a déjà trop peu d’emplois pour les jeunes Libanais. Voilà pourquoi beaucoup d’entre eux envisagent d’émigrer. La charge est tout simplement trop lourde pour un aussi petit pays. Le gouvernement a donc ordonné de ne plus laisser entrer de nouveaux réfugiés dans le pays. Je crains que la solidarité des Libanais atteigne ses limites. Ils commencent à perdre patience !

 

Voyez-vous la solidarité envers ces exilés baisser dans votre diocèse ?

Heureusement non, nous n’avons pas renoncé à venir en aide aux plus pauvres. C’est particulièrement évident avec la Table de Saint-Jean le Miséricoridueux, à Zahlé, qui continue à accueillir les plus pauvres, à donner des repas, un lieu de convivialité et de spiritualité partagée. Mais nous tenons à ce que ce ne soit pas une institution réservée aux exilés. Les pauvres libanais locaux peuvent eux aussi s’y rendre. La Table fournit un repas chaud, des provisions pour le soir. Pour ceux qui ne peuvent pas s’y rendre en raison du grand âge ou de la maladie, le diocèse affrète un bus qui va les chercher. Et des volontaires prennent le relai pour apporter les repas aux domiciles des plus faibles d’entre eux. Mais toute cette aide a un coût, et il nous devient difficile de l’assumer après près de quatre années.

 

Voyez-vous les chrétiens continuer à quitter le Moyen-Orient ?

Beaucoup d’exilés fuient en Occident, et beaucoup de Libanais, qui cherchent à travailler ou veulent de meilleures conditions de vie font de même. Nous encourageons de toutes nos forces les chrétiens libanais à rester. De toute manière, de nos jours, il n’est plus aussi facile d’émigrer, par exemple en Australie. Les obstacles sont vraiment très grands. Pour que nous restions ici, nous avons besoin de l’aide des autres chrétiens. C’est pourquoi nous sommes heureux du soutien que peuvent apporter les chrétiens à travers le monde. Nous attendons les voiliers de La route du Liban avec beaucoup de joie et d’espérance !

 

Les bénéfices que dégagera La Route du Liban seront reversés à des projets portés par des associations chrétiennes engagées au Moyen-Orient, dont l’Aide à l’Église en Détresse. Seront ainsi soutenue « La Table de Saint Jean le Miséricordieux », projet porté par Mgr John Darwich, qui organise la distribution quotidienne d’un millier de repas depuis 2015. Retrouvez ici la présentation du projet.

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