Entretien avec le curé de la cathédrale maronite de Beyrouth Saint-Georges, le Père Jad Chlouk.

La vie à Beyrouth n’est plus la même depuis l’explosion. Quelle est l’ambiance actuelle à Beyrouth ?

Nous sommes toujours choqués par ce qui s’est passé en août. Les souvenirs de cette horrible journée reviennent surtout quand nous voyons des maisons, des églises, des écoles ou des hôpitaux détruits, ou quand, soudainement, nous entendons des bruits de tonnerre. L’ambiance est toujours tendue et anxieuse, mais nous essayons malgré tout de renouveler notre vie spirituelle du mieux que nous pouvons.

C’est le quartier où vivent de nombreux chrétiens qui a été particulièrement touché. Il se situe près du port où l’explosion s’est produite. Votre église paroissiale, la cathédrale maronite Saint-Georges, a également été gravement endommagée. « L’Aide à l’Église en détresse » aide à sa reconstruction. Où en sont les travaux ?

La rénovation de la cathédrale maronite a commencé il y a un mois. Nous avons fait quelques réparations provisoires pour éviter d’autres dégâts, par exemple en cas d’infiltration d’eau de pluie. Nous espérons avoir réparé le toit dans quelques semaines. Les réparations des fenêtres et des portes endommagées sont également en cours.

Comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle affecté la reconstruction et l’aide humanitaire ?

Elle a surtout retardé la rénovation de la cathédrale. Nous avons dû demander un permis spécial pour pouvoir poursuivre le travail dans le respect de la sécurité et des règles de distanciation.

D’autre part, nous avons essayé de maintenir, surtout en ce moment, l’aide caritative. De nombreux libanais souffrent durement de la crise économique. C’est pourquoi nous devons être encore plus proches des personnes qui ont besoin d’aide. C’est parfois difficile à cause des mesures d’hygiène en vigueur, mais nous avons tenu bon.

Juste après la catastrophe du mois d’août, de nombreuses personnes, surtout des jeunes, ont exprimé leur intention de quitter le Liban, car ils ne voient pas d’avenir dans le pays. Cela s’est-il concrétisé ? Qu’est-ce que cela signifie pour les communautés chrétiennes du Liban ?

Les statistiques montrent que plus de 380 000 demandes d’émigration sont parvenues aux pays de l’Union européenne et d’Amérique du Nord. La plupart d’entre elles provenaient de chrétiens qui se sentent comme des étrangers dans leur propre patrie. Malheureusement, cela a un impact négatif sur les communautés chrétiennes. Elles perdent en particulier leurs jeunes qui sont censés être l’avenir. Le nombre de chrétiens diminue tous les jours. Cela augmente la pression sur ceux qui restent dans le pays car ils pourraient bientôt subir des persécutions. Il ne s’agit pas d’une théorie du complot, mais d’une réalité que nous connaissons dans des pays voisins comme la Syrie, l’Irak, les territoires palestiniens et la Jordanie.

Quand vous pensez à la nouvelle année, la regardez-vous plutôt avec inquiétude ou espérance ?

L’espérance est notre pain quotidien, surtout ces jours-ci. Malgré tout, nous regardons l’avenir avec espérance, parce que nous savons que notre Seigneur Jésus-Christ est le Maître de l’Histoire. Notre histoire et nos vies à tous sont entre ses mains. Avec lui et à travers lui, nous sommes sûrs que « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28).

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