Cet été, l’AED vous propose de découvrir les vies héroïques de témoins de l’Espérance, que ce soit en Algérie, en Roumanie, ou ailleurs, à travers une série de portraits. Aujourd’hui, voici celui de  Nijole Sadunaite, qui n’a cessé de célébrer la joie de l’Evangile, même en prison.

Née en 1938 à Kaunas, Nijole et sa famille échappent en 1945 à la déportation en Sibérie grâce à Mgr Boricevicius, qui sera bientôt arrêté et fusillé.  Sérieuse et sportive, elle refuse, dès l’enfance, l’endoctrinement athée et n’est pas autorisée, à cause de sa « religiosité », à poursuivre des études supérieures. Elle devient infirmière et rejoint une congrégation clandestine, et rédige la Chronique Clandestine de l’Eglise de Lituanie. Le jour où le KGB vient l’arrêter, il y a six pages de la Chronique à côté de sa machine à écrire : « J’ai pris six ans de Goulag – une année par page. Mais au total c’est 15 000 pages que j’ai publiées. De quoi aurais-je écopé si je les avais toutes eues sur mon bureau ? ».  Elle dit aux juges qui la condamnent : « Ce jour est le plus heureux de ma vie. J’ai été condamnée à cause de mon amour envers les hommes et de la vérité. Je suis une privilégiée et mon sort est honorable : non seulement j’ai lutté pour les droits de l’homme et pour la justice, mais j’ai aussi été condamnée à cause d’eux ! »

Après le Goulag, elle vit cinq ans dans la clandestinité totale puis, « le KGB a fini par me trouver. Mais les temps étaient en train de changer. Ils ont voulu que j’émigre ‘volontairement’. Je leur ai dit que je préférais aller en prison. Ils m’ont demandé pourquoi : ‘Parce que je vous aime beaucoup. Vous êtes mes frères et je ne veux pas aller au Ciel sans vous. Jésus aussi vous aime beaucoup, il est mort sur la Croix aussi pour vous. Si vous m’expulsez, je serai libre, mais quand je suis libre, c’est plus dur pour moi de faire pénitence, tandis qu’en prison je serai obligée de le faire, et je le ferai pour vous comme cela nous serons ensemble au Ciel’. »

 A la question : « Vous n’aviez donc jamais peur ?» Elle répond : « Si, avant d’agir. Mais je me disais que si je ne faisais pas ce qu’il y avait à faire, quelqu’un de sûrement meilleur que moi devrait le faire et prendrait des risques, alors la peur s’en allait. » Et lorsqu’elle était en prison et au Goulag ? Nijole raconte : « J’avais en moi l’image d’une main ouverte sur laquelle repose une colombe. Dieu me soutient où que je sois. Sans sa volonté, pas un cheveu de ma tête ne pourra tomber. Les mois dans la prison du KGB ont été les plus heureux de ma vie. Ma bonne humeur les énervait. Je chantais, je priais. Pas seulement pour moi mais pour tous ceux enfermés au Goulag. Un jour on m’a dit : ‘Tout va mal pour toi, Nijole, et pourtant quelle paix chez toi. Est-ce ta fête ?’ J’ai répondu ‘Oui, c’est ma fête aujourd’hui parce que beaucoup de gens prient pour moi devant le Saint Sacrement’. Je sentais combien Dieu était avec moi, et aussi combien la prière des autres me soutenait ».

En 1990, la Lituanie enfin libre, Nijole Sadunaite insiste : « Je continue à prier tous les jours pour nos bourreaux.  Aujourd’hui, beaucoup de gens disent que la prière est une perte de temps, qu’il faudrait mieux faire de bonnes actions. Mais Jésus, lui, a dit : ‘Sans moi vous ne pouvez rien faire’. Il est le cep et nous les sarments ».

 

 Didier Rance, auteur de Un sourire au Goulag, édition AED, 1985, et A travers la grande épreuve, Artège, 2016

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