Rencontre avec Magda Kaczmarek, responsable de la Macédoine pour l’AED, de retour d’une visite dans le seul diocèse romain catholique et l’exarchat grec catholique de ce pays d’Europe du sud-est.

Magda Kaczmarek, vous avez récemment effectué un déplacement en Macédoine. Cette ancienne république de Yougoslavie est un conglomérat d’ethnies…

La République de Macédoine compte aujourd’hui environ deux millions d’habitants et se compose de groupes ethniques très divers. Les Macédoniens y constituent le groupe le plus important avec 60 % de la population, suivis par les Albanais, les Turcs, les Roms, les Serbes, les Bosniaques et d’autres ethnies.

En raison de la situation instable dans le pays, l’Église en Macédoine et d’autres confessions ont appelé à une prière pour la paix. Quelles sont les raisons de ces troubles ?

D’une part, la Grèce revendique l’appellation historique de Macédoine. Le litige autour du terme Macédoine a commencé avec la déclaration d’indépendance de l’ancienne république yougoslave de Macédoine en 1991, qui revendiquait le nom de République de Macédoine. Pour cette raison, la Grèce a notamment bloqué l’accès de la Macédoine à l’OTAN et à l’Union européenne. Il s’agit dans tous les cas d’une situation conflictuelle, qui perdure. De plus, le nombre d’Albanais s’est très fortement accru, venus du Kosovo suite à la dernière guerre des Balkans. Ils constituent un quart de la population et revendiquent leur propre langue et leurs droits.

Ces clivages influencent-ils la vie religieuse ?

Parmi les Albanais, il y a aussi des catholiques, et ils tenteront certainement de pratiquer leur foi dans leur langue maternelle. Quant aux musulmans albanais, ils construisent leurs mosquées. Il y a ici un risque de radicalisation en raison de l’influence de l’Arabie Saoudite. La plus grande colonie d’Albanais de Macédoine se situe à l’extérieur de Skopje, la capitale de la Macédoine, et s’appelle Skopska Crna Gora, « la montagne noire de Skopje ». Elle ressemble à une enclave.

Sainte Mère Teresa est née Albanaise à Skopje, mais les Macédoniens comme les Albanais la désignent  comme leur mère…

Oui. Mère Teresa constitue en quelque sorte le trait d’union entre les deux peuples. À Skopje, un monument commémoratif a été construit sous la forme d’un musée doté d’une chapelle. Dans chacun des deux pays, des aéroports, des autoroutes, des centres commerciaux, des hôpitaux et bien entendu de nombreuses paroisses et églises portent le nom de Mère Teresa.

Quels sont les autres défis que le pays doit affronter ?

Officiellement, le pays est candidat à l’adhésion à l’Union européenne, mais lors de mon voyage, je n’ai vu que très peu d’investisseurs étrangers. Pas de concessionnaires automobiles, aucun groupe ou supermarché international. Et la corruption semble problématique. Selon plusieurs rapports, il serait possible en certains endroits d’acheter un diplôme sans avoir jamais étudié… Il va falloir encore beaucoup de temps avant que les gens changent de mentalité et comprennent que la corruption menace la société entière.

L’Église est une toute petite minorité en Macédoine ?

Les deux plus grandes religions du pays sont le christianisme orthodoxe (65 %) et l’islam (33 %). Seul 1 % de la population est catholique, c’est donc vraiment une petite église de la diaspora. Mgr Kiro Stojanov est l’exarque pour le rite byzantin. Son siège se situe à Strumica, et il est simultanément évêque pour le rite latin dont le siège est à Skopje. En tout, 23 prêtres travaillent dans 17 paroisses. Pour moi, l’Église catholique de rite byzantin ressemble toujours à une petite famille. La majorité des prêtres, des religieuses et des croyants sont liés par des liens de parenté. La source des vocations en Macédoine est la ville de Radovo. Une importance particulièrement grande y est accordée à la pastorale des enfants et des adolescents.

Qu’en est-il de l’église romaine catholique ?

Au cours des dernières années, la communauté romaine catholique a considérablement diminué. Il y a peu de temps encore, il n’y avait que deux prêtres romains catholiques dans toute la Macédoine. Ces dernières années, de grandes paroisses ont été abandonnées par les Salésiens à Bitola et par les Jésuites à Ohrid. Il est malheureusement impossible, pour les prêtres, de vivre des aumônes des fidèles.

Quelle rencontre vous a particulièrement marquée ?

Quand nous nous sommes rendus dans la paroisse de Kumanovo avec l’évêque, j’ai été très impressionnée par trois familles nombreuses qui avaient émigré du Kosovo pour un témoignage de vie et de foi en Macédoine, dans la paroisse et dans ses environs. Chacune de ces familles compte entre huit et dix enfants. Les parents bénéficient d’une excellente formation et avaient de bons métiers dans leur pays d’origine. Anna par exemple, qui aujourd’hui attend son neuvième enfant, est professeur d’allemand. Son mari est dentiste. Anna nous a parlé de sa foi, comment elle a trouvé le chemin vers Dieu. Pour elle, la vie sans le Christ n’a aucun sens. Chacun d’eux veut être un exemple vivant pour les nombreuses autres personnes qui sont en quête d’un sens dans leur vie. J’ai été profondément impressionnée par autant de confiance en Dieu.

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