Depuis 2013, le tout jeune État du Soudan du Sud est ravagé par la guerre civile, la population fuit en masse, notamment en Ouganda. Le nombre de réfugiés sud-soudanais y a dépassé un million en 2018, selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies. La situation semble sans issue, car malgré 7 cessez-le-feu et un accord de paix, les violences continuent, menées par des bandes armées hors de contrôle. Christine de Coudray est responsable des projets pour le département Afrique de l’AED. Elle a visité les camps Bidibidi et Imvepi, au nord-ouest de l’Ouganda, où des Sud-Soudanais ont trouvé refuge.

Comment décririez-vous la situation qui prévaut dans ces camps de réfugiés ?

J’ai été impressionnée par la générosité des Ougandais. Les terrains sur lesquels sont construits les 9 camps des diocèses de la région du nord-ouest appartenaient à la population ougandaise, et celle-ci les a offerts aux exilés. Comme il s’agit de camps de réfugiés, on serait porté à craindre une situation de détresse. Mais les camps existent depuis 2013. Les résidents ont de quoi manger, de l’eau potable et des médicaments. Leurs conditions de vie sont plus enviables que celles de beaucoup de leurs concitoyens. Ils ont même un lopin de terre à cultiver. Cela n’enlève rien à la précarité de leur situation, et il leur est difficile de se projeter dans l’avenir.

Quelle est la situation des jeunes dans les camps ?

Ces jeunes ont vécu des traumatismes importants. Certains ont vu leurs parents être tués sous leurs yeux, d’autres ont le visage brûlé… ils se demandent comment arriver à pardonner. La communauté Emmaüs, basée à proximité de Kampala (capitale de l’Ouganda), a mis en place un programme pour les accompagner dans un processus de pardon, en invitant les jeunes à venir s’agenouiller devant le Saint-Sacrement pour prier. Les témoignages de guérisons se sont multipliés, comme si le Seigneur était intervenu pour apaiser les cœurs et les esprits.

Comment l’Église catholique s’engage-t-elle dans les camps ?

Trois évêques ougandais se sont rendus sur place, et ce fut une belle occasion pour l’Église de manifester sa préoccupation envers tous ces gens. Ils n’ont pas choisi d’être là, mais y sont arrivés contraints par les vicissitudes de la vie. Cependant, cette période d’exil forcé peut être utilisée admirablement en temps de formation pour aider à bâtir la société de demain. Lorsque ces personnes rentreront chez elles, la construction de leur pays sera entre leurs mains. L’Église s’est déjà engagée et s’engagera davantage s’il le faut, pour dispenser d’autres sessions de formation.

L’année dernière, l’AED a envoyé 34 000 € à la communauté Emmaüs. Elle détient une grande compétence dans différents domaines comme la catéchèse, la pastorale, la doctrine sociale, l’apostolat de la famille et l’éducation affective et sexuelle des jeunes, si importante dans un pays décimé par le SIDA. 65 jeunes ont été formés dans les camps.

Nous souhaitons vivement pouvoir continuer dans ce domaine. Nous constatons un grand désir pour de telles formations, conjugué à un climat de paix retrouvée qui est propice à ce genre d’engagements. Les évêques sont enchantés de la proposition de l’AED. Ils savent qu’une fois bien formés, les leaders vers qui nous nous tournons (les catéchistes, les jeunes, ceux qui étudient la doctrine sociale de l’Église et ceux qui approfondissent l’apostolat familial) partageront leurs connaissances et leurs expériences avec d’autres réfugiés. Ainsi construiront-ils ensemble l’avenir. L’un d’entre eux, Santos, nous a d’ailleurs qualifié son expérience comme ayant été « plus que merveilleuse ». Plus nous offrirons ces conditions de formation, plus le pays se relèvera. N’est-ce pas là une belle perspective d’espérance et d’avenir ?

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