Huma Younus, chrétienne pakistanaise de 14 ans, n’a pas été reconnue comme mineure par la Haute Cour du Pakistan. Elle demeure donc mariée à son ravisseur musulman Abdul Jabar.

La jeune fille, privée de tout contact avec sa famille, réside désormais à 600km de sa maison natale. Son cas a été porté devant la Haute Cour par ses parents, qui espéraient que la « Loi qui limite les mariages avec des mineurs » (Child Marriage Restraint Act) adoptée par la province du Sindh en 2014 s’appliquerait. Pour appuyer leur requête, ils ont produit deux documents à l’audience, attestant de son âge : un certificat de l’école et le certificat de baptême de la paroisse Saint Jacques de Karachi. Les deux documents portent la date de naissance de Huma : 22 mai 2005.

La charia prévaut sur la loi pakistanaise

Mais les deux juges de la Haute Cour, Muhammad Iqbal Kalhoro et Irshad Ali Shah, ont décidé que même si Huma était mineure, le mariage entre la jeune chrétienne et son ravisseur, Abdul Jabbar, est toujours valide car, selon la loi islamique (charia), après ses premières règles, une fille de n’importe quel âge peut se marier. Leur avocate Tabassum Yousaf commente : « Au Pakistan ces lois [le Child Marriage Restraint Act ] sont formulées et approuvées uniquement pour améliorer la réputation du pays aux yeux de la communauté internationale, demander des fonds pour le développement et commercialiser librement des produits pakistanais sur le marché européen. »

Soupçons de collusions entre la police et le ravisseur

L’attente était vive chez les parents de la jeune catholique de 14 ans enlevée le 10 octobre ainsi que dans la communauté chrétienne. Selon la requête des juges lors de l’audience précédente du 16 janvier au policier responsable de l’enquête, Akhtar Hussain, Huma devait comparaître devant le tribunal. Or, interrogé sur l’absence de la jeune fille, ce dernier s’est limité à dire que la jeune femme avait été convoquée. Depuis le début de l’affaire, Hussain a maintenu une attitude ambiguë, suscitant de forts soupçons de collusion avec le ravisseur Jabbar.

La mère de Huma, Nagheena Younus commentait après l’audience du 3 février « C’est l’énième défaite de la justice et une autre preuve que l’État n’attache pas beaucoup d’importance aux chrétiens en tant que citoyens pakistanais. » Le cas de la jeune Huma Younus pourrait devenir le symbole de la pratique des enlèvements de jeunes chrétiennes par des musulmans. De même que la douloureuse affaire Asia Bibi est devenue l’emblème des abus de la loi antiblasphème au Pakistan.

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