Pakistan : L’affaire Maira prend un nouveau virage

La pakistanaise catholique qui avait été kidnappée, mariée et convertie de force à l’islam, Maira Shabbaz, est parvenue à faire entendre sa cause. Les preuves s’accumulent contre son agresseur.

La peur change de camp. Mohamad Nakash Tariq, l’homme qui prétend avoir épousée Maira Shabbaz ne s’est pas présenté à la dernière audience de la Cour de Rawalpindi. Cette Cour avait requis de nouvelles pièces, en particulier un rapport médical démontrant la minorité de Maira. Elle avait 13 ans au moment de son rapt. Un rapport de police, des certificats de mariage et de naissance devaient aussi être ajoutés au dossier.

Annulation du mariage 

La séance, qui s’est tenue en l’absence de Mohamad Nakash Tariq a proposé une annulation du mariage de Maira, car elle était mineure et non consentante. Cette requête de la Cour vient d’ailleurs contredire une décision précédente, qui avait conclu le 4 août à la validité du mariage de Maira “car elle avait embrassé l’islam”. Près de deux semaines après cette décision, le 18 août, Maira était parvenu à s’échapper et à se rendre dans un commissariat de police. Elle porta plainte contre son agresseur, l’accusant de l’avoir kidnappé sous la contrainte d’armes à feu. Un témoignage qui était d’ailleurs conforté par les dépositions de deux autres chrétiens pakistanais. Lors de sa déposition, Maira accusa Mohamad Nakash Tariq de l’avoir drogué, violé en réunion et de l’avoir soumise au chantage. Il l’aurait menacé de divulguer les vidéos de ses agressions si elle tentait de se révolter. Elle l’a aussi accusé de l’avoir contrainte à se prostituer.

Accumulation de preuves 

Sa défense est confortée par son certificat de naissance, ainsi que sur d’autres documents démontrant qu’elle avait bien 13 ans au moment de son mariage avec M. Nakash, qui aurait eu lieu en octobre 2019 selon ce dernier. Le clerc musulman dont la signature apparaît sur le certificat de mariage a entre-temps dénoncé le document comme un faux.

L’avocate de Maira, Sumera Shafique nous confie : “La famille de Maira craint que M. Nakash ne tente de se venger en les tuant”. Me Sumera précise que bien que les preuves inclinent clairement en faveur de Maira, même si elle l’emportait, elle ne serait pas en sécurité pour autant. “En quittant M. Nakash, en retournant dans sa famille, Maira est devenue une apostate aux yeux de M. Nakash et de groupes extrémistes, ils vont continuer à réclamer sa mise à mort”.

Elle ajoute que bien que Maira et sa famille soient cachées et bien qu’elles0 disposent à présent d’une protection policière 24h/24, conformément à la décision précédente de la Cour, leur sécurité ne pouvait pas être garantie. Elles continuent à recevoir des menaces de mort. “Il y a quelques jours”, précise-t-elle, des voisins de la famille ont rapporté avoir été approché par des individus suspects, cherchant à localiser la famille de Maira.