Maître Khalil Tahir Sandhu, défend un chrétien condamné à la perpétuité pour « blasphème ». Il affirme que l’audience de son client Imran Masih, prévue devant la cour d’appel, a été reportée près de 70 fois.

Près de 11 ans après que Maître Khalil Tahir Sandhu a introduit la première requête en appel devant la Haute Cour de Lahore afin de contester la condamnation d’Imran Masih, l’avocat soutient que l’affaire est déjà passée entre les mains d’au moins 10 juges différents.

« Contradictions substantielles »

Des témoins ont affirmé qu’en juillet 2009, M. Masih avait mis le feu à des livres contenant des versets du Coran, alors qu’il débarrassait l’épicerie qu’il tenait à Haq Favid Chowk, à Hajveri Town, à Faisalabad.

Dans un entretien accordé à l’AED M. Sandhu a déclaré que l’action en justice formée contre M. Masih était fragilisée par des « contradictions substantielles » entre les déclarations des témoins concernant la date et l’heure de l’incident présumé, et leur capacité ou non à lire l’écriture arabe contenant le texte coranique.

Juges menacés

Sandhu a déclaré que les juges de la Haute Cour étaient réticents à tenir des audiences en appel et craignaient parfois pour leur vie, en cas de réaction hostile de la part des groupes islamistes déterminés à punir les personnes accusées de blasphème – en particulier les personnes appartenant à des minorités religieuses.

« J’ai fait de mon mieux pour obtenir justice pour Imran, et je continuerai de le faire.  Je garde l’espoir qu’il sera acquitté. Dans notre pays, ce qui arrive si souvent, c’est qu’ils arrêtent d’abord celui qu’ils accusent, et ce n’est que plus tard qu’ils vérifient la preuve », a expliqué l’avocat. Il a souligné que les accusations de corruption signifiaient que les preuves de la police n’étaient pas toujours fiables, et que les accusateurs étaient souvent motivés par la vengeance et la cupidité. Il a ajouté que « les parents d’Imran sont morts, tellement ils ont été choqués par ce qui lui est arrivé ».

Une audience le 6 juillet ?

Me Sandhu a par ailleurs annoncé qu’après le dernier ajournement, la prochaine date d’audience de M. Masih à la Haute Cour de Lahore avait été fixée au 6 juillet 2020. L’incident présumé impliquant M. Masih a eu lieu moins d’un mois après celui concernant l’ouvrière agricole chrétienne Asia Bibi, également de la province du Pendjab, qui avait été condamnée à mort en 2010 pour blasphème contre le prophète musulman Mahomet. Il a fallu plus de neuf ans avant que la Cour suprême du Pakistan n’annule la condamnation d’Asia Bibi, en octobre 2018.

Le Pakistan est un pays prioritaire pour l’AED, où la fondation fournit une aide juridique et parajuridique aux victimes d’accusations de blasphème et à leurs familles, en étroite collaboration avec différentes organisations, dont la Commission Nationale pour la Justice et la Paix, basée à Lahore.

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