La fragile présence chrétienne maintenue dans la région de Hassaké, au nord-est de la Syrie, est menacée par l’offensive des alliés des Turcs contre les Kurdes.

« Pour le moment les combats terrestres n’ont pas atteint Hassaké, mais elle est déjà frappée par des bombardements. La grande boulangerie Al-Malikiya, en particulier, a été touchée par une bombe et on ignore si c’était un acte volontaire ou non », explique un contact de l’AED sur place qui souhaite rester anonyme. Les combats entre les alliés des Turcs et les Syrian Democratic Forces (SDF) à majorité kurde ont succédé au retrait des troupes américaines du secteur ; ce retrait ayant laissé le champ libre aux ambitions turques. Pour les Kurdes qui administraient de facto la région, c’est une douche froide. Mais pour les chrétiens, qui demeurent envers et contre tout en Syrie, c’est à nouveau la crainte de voir la paix s’éloigner et leur situation devenir encore plus précaire.

« L’Église chaldéenne syrienne fait dire des messes dans tout le pays, des rosaires sont récités, pour que la paix advienne » décrit notre source. Les pensés des fidèles se tournent tout particulièrement vers les chrétiens qui sont demeurés dans la région d’Hassaké malgré la guerre civile syrienne. Deux cents d’entre eux, en particulier, s’étaient réfugiés dans la ville même et risquent d’être rattrapés par le conflit. Au total, ils seraient entre 30 et 40 000 dans la région de Jazira.

L’espoir d’un rapprochement syro-kurde

Leur espoir réside à présent dans le rapprochement des Kurdes avec le régime syrien, témoigne notre source : « Il y a eu un sentiment de soulagement parmi les populations des régions frontalières quand un accord entre les SDF et l’Armée arabe syrienne a permis à cette dernière de se déployer sur le territoire administré par les Kurdes ». À présent, continue notre correspondant, « tous espèrent que la bataille finira bientôt et qu’elle ne dégénèrera pas en guerre ouverte entre les armées syriennes et turques. (…) Priez pour nous, les chrétiens de la région de Jazira, afin que nous dépassions les difficultés que nous rencontrons ». Pour le moment, s’il n’y a pas de confrontation directe entre les deux armées, il y a bien conflit par intermédiaires interposés. Le 15 octobre, par exemple, des miliciens soutenus par la Turquie revendiquaient fièrement l’attaque d’un tank de l’armée syrienne, qui aurait tué deux soldats.

Les chrétiens en Syrie, qui représentaient 10% de la population avant le début de la guerre, retrouvaient pourtant depuis quelques mois un timide espoir. Le 14 septembre 2019, ils avaient notamment célébré la reconstruction de l’église Haret Saraya, à Al-Husn, qui avait été dévastée par les djihadistes. Mais ils ont bien conscience de vivre sur une terre déchirée par des puissances extérieures : États-Unis, Iran, Turquie etc. « Comme toujours, chacun a ses propres intérêts, mais ce sont nous, les chrétiens, qui en subirons les conséquences » concluait Mgr Jacques Behnan Hindo, archevêque émérite syro-catholique de Hassaké-Nisibis.

 

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