« Pour encourager les familles à retourner en Syrie, il faut une levée des sanctions économiques – comme le Pape l’a demandé dans son discours de Pâques » soutient le prêtre catholique arménien Antoine Tahhan, depuis Alep.

Le père Tahhan constate tristement que les bancs vides se sont multipliés dans les églises, et cela avant même la pandémie du Covid19. Un malheur qui s’ajoute à 9 ans de guerre pour les Syriens. Il y avait 30 000 familles chrétiennes à Alep avant mars 2011, calcule le prêtre. Elles sont 10 000 à présent. Et ceux qui restent sont souvent les plus âgés. Le manque de jeunes actifs est aggravé par le service militaire, qui peut atteindre deux ans.

L’optimisme douché des Aleppins

Les jeunes actifs, dégagés de cette obligation, rencontrent peu d’opportunités économiques dans la région d’Alep. « Lorsque la ville d’Alep a été libérée, il y avait de l’optimisme », témoigne le père Antoine : « Les Aleppins ont mis leurs espoirs dans le travail. Mais beaucoup d’entre eux restent au chômage et les salaires ne suffisent pas à subvenir aux besoins d’une famille de quatre personnes. » En cause, la crise du Liban, qui a affecté l’économie syrienne. Les sanctions internationales, par ailleurs, pèsent lourdement sur le pays, en particulier sur les régions en reconstruction, ce qui exaspère les Syriens.

Colère contre l’Occident

Depuis 2011, les États-Unis, l’Union Européenne et la Ligue arabe soumettent la Syrie à des sanctions qui touchent en particulier les actifs financiers, le commerce d’hydrocarbures et le secteur médical. Le pays est en situation de quasi-embargo et les entités qui cherchent malgré tout à faire du commerce ou de l’aide humanitaire en Syrie se heurtent à la grande complexité juridique que ces mesures induisent.

L’embargo, « l’un des plus grands échecs de l’Histoire »

Un Aleppin, volontaire pour l’AMU (en italien Azione per un Mondo Unito, action pour un monde uni) traduit le sentiment général pour Cruxnow : « L’embargo contre le gouvernement [syrien] est l’un des plus grands échecs de l’Histoire. Personne ne peut changer la politique d’un pays en imposant des sanctions aux civils. De plus, l’embargo devrait être en premier lieu imposé aux pays exportateurs d’armes. Sans armes il n’y aurait pas de guerre en Syrie ou ailleurs. »

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